La Vérité sur Ibrahim Traoré : Héros du Peuple ou Bourreau de la Presse ?
Trois journalistes envoyés de force au front : révélation troublante sur le fonctionnement du pouvoir au Burkina Faso.

Trois journalistes critiques d’Ibrahim Traoré se retrouvent enrôlés de force et envoyés sur le front. Cet acte soulève une question cruciale : assiste-t-on à une révolution populaire ou à un durcissement autoritaire au Burkina Faso ? Le récit dévoile la face cachée du régime, entre patriotisme assumé et musellement de la liberté d’expression.
Une décision radicale : des journalistes envoyés à la guerre
Au Burkina Faso, trois journalistes ayant émis des critiques contre la gestion de la guerre par Ibrahim Traoré ont été déplacés de force vers le front. Accusant le pouvoir d’exagérer la menace terroriste, ces professionnels des médias ont été enrôlés dans le cadre d’un décret de mobilisation générale adopté en avril 2023.
Leur mission : voir de leurs propres yeux ce qu’ils remettaient en question. Les critiques contre le pouvoir leur ont valu une « leçon de terrain », visant à confronter leurs opinions à la réalité du conflit armé.
La réaction des journalistes : de la critique à la prise de conscience
Après avoir été présentés en tenue militaire, les journalistes ont admis publiquement ne pas avoir compris l’ampleur du conflit :
« Ce qu’on voit ici n’a rien à voir avec ce que l’on pensait. C’est une autre réalité. »
Leur changement de discours illustre bien le clivage entre la perception urbaine des conflits et ce qui se joue dans les zones rurales assiégées par les groupes armés. Le pouvoir burkinabè, à travers cette manœuvre, veut prouver que la critique sans immersion est un danger pour l’unité nationale.
Une méthode critiquée : liberté de presse en danger ?
Du côté des médias internationaux, l’inquiétude a été vive. L’interpellation sans communication préalable de trois figures médiatiques – Gezuma Sanogo, Bouari Ouoba et Luc Palbgem – a laissé craindre une disparition forcée, voire pire.
Leur réapparition dans un centre d’entraînement militaire, puis sur le théâtre des opérations, a levé les doutes… tout en soulevant de nouvelles questions :
Sur quelle base légale ces journalistes ont-ils été mobilisés ?
Et surtout, peut-on encore parler de liberté d’expression dans un tel contexte ?
Une posture assumée : « Nous ne sommes pas en démocratie »
Le président Ibrahim Traoré a été clair :
« Nous ne sommes pas dans une démocratie. Nous sommes dans une révolution progressiste populaire. »
Son message est sans ambiguïté. Il rejette la démocratie importée comme modèle universel, estimant qu’elle ne convient pas à tous les contextes. Pour lui, chaque démocratie doit suivre un processus de maturation, adapté aux réalités locales.
Selon Traoré, la priorité est la libération du territoire, la consolidation des infrastructures nationales et le soutien aux populations civiles et militaires. Les élections, pour l’instant, sont mises en second plan.
Une métaphore choc : quand l’État devient une maison
Pour expliquer sa posture, l’orateur compare la gouvernance à une maison.
Imaginez un homme bon et respecté, chez qui un intrus vient critiquer l’état de la maison, fouiller la cuisine, commenter les sous-vêtements de l’épouse et remettre en question l’organisation de l’intérieur.
Doit-il laisser faire au nom de sa réputation ?
Ou recadrer avec fermeté pour préserver l’intégrité de sa maison ?
La réponse de Traoré est limpide : l’Afrique a trop souffert d’un excès de démocratie sans autorité. Il faut des limites, des cadres. Selon lui, un peuple trop libre, sans repères, finit par se retourner contre ses propres institutions.
L’homme que certains Africains rêveraient d’avoir
Malgré la controverse, Ibrahim Traoré incarne un fantasme populaire pour de nombreux Africains :
- Il construit des routes, des hôpitaux,
- Il met les ressources nationales au service du peuple,
- Il refuse l’aide du FMI et des institutions étrangères,
- Il réduit les privilèges des élites,
- Et surtout… il a le ventre plat. Une pique adressée aux présidents au « ventre de calebasse » et à la gourmandise étatique.
Son style militaire, direct et populaire séduit. Il ne cherche pas à plaire aux puissances occidentales, mais à libérer son territoire sans compromis.
Conclusion : entre autorité et révolution, une ligne fine
Ibrahim Traoré n’est pas un dirigeant ordinaire. Il ne prétend pas l’être. En confrontant des journalistes à la réalité du terrain, il envoie un message fort : la guerre ne se vit pas depuis les studios, mais au cœur des forêts et des villages attaqués.
Mais cette méthode soulève une question majeure :
Faut-il restreindre les libertés fondamentales pour instaurer l’ordre et la paix ?
Ou peut-on bâtir un État fort sans sacrifier la liberté de penser et de critiquer ?
La face cachée d’Ibrahim Traoré se révèle dans cette double posture : protecteur acharné de sa nation, mais aussi adversaire de la contestation interne. Une figure ambivalente, entre modèle africain rêvé et chef autoritaire assumé.