Passeport de l’AES reconnu par la France : un tournant historique pour le Mali, le Niger et le Burkina Faso
La reconnaissance officielle du passeport de l’AES marque une victoire diplomatique majeure et une affirmation d’indépendance inédite.

Après des semaines de tensions et d’incertitudes, la France reconnaît enfin le passeport de l’AES, nouvellement adopté par le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Ce geste symbolique confirme l’émancipation de ces pays vis-à-vis de la CEDEAO et redéfinit les rapports de force régionaux. Une reconnaissance qui signe aussi le début d’un nouvel ordre politique et économique au Sahel.
Une reconnaissance attendue : la France valide enfin le passeport AES
Le passeport de l’Alliance des États du Sahel (AES) est désormais reconnu par la France. Cette décision vient mettre un terme à une période confuse où de nombreux ressortissants maliens, nigériens et burkinabè étaient bloqués à l’étranger, notamment en Europe.
Jusqu’alors, les documents de voyage portaient encore le logo de la CEDEAO, malgré la rupture officielle de ces trois pays avec l’organisation régionale.
Le nouveau passeport biométrique AES, introduit le 29 janvier, est désormais accepté comme document de voyage valide, selon une décision approuvée par Emmanuel Macron lui-même.
Une rupture symbolique avec la CEDEAO
Conserver un passeport estampillé CEDEAO alors même que ces pays ont quitté l’organisation équivalait à un divorce où l’on garde le nom de son ex-conjoint. Le changement d’identité administrative via le nouveau passeport acte une rupture politique claire et assumée.
C’est aussi un signal fort adressé aux chancelleries occidentales, notamment la France, pour qu’elles reconnaissent cette nouvelle réalité géopolitique. Désormais, les ressortissants de l’AES peuvent voyager avec un document aligné sur leur souveraineté retrouvée.
Un processus long, marqué par des blocages et des injustices
L’introduction du nouveau passeport AES n’a pas été sans conséquences. Plusieurs cas de refus de visa, retours forcés ou blocages administratifs ont été signalés. Des citoyens maliens, en particulier, ont vu leurs demandes de visa rejetées sous prétexte que le document ne portait plus l’étiquette de la CEDEAO.
De nombreuses familles ont été touchées, notamment celles ayant des membres à l’étranger. Le refus initial des chancelleries de reconnaître ce passeport a créé un flou juridique, entraînant frustration, désespoir et colère.
Pourquoi l’AES est née : un besoin de souveraineté face au paternalisme occidental
La création de l’AES est née d’un ras-le-bol collectif face à l’ingérence étrangère, notamment celle de la France. Le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont chacun, à un moment donné, demandé le départ de l’armée française, dénonçant une présence coûteuse et inefficace contre le terrorisme.
Face aux réponses méprisantes et aux refus de négociation, ces pays ont pris leur destin en main, optant pour un regroupement régional autonome visant à restaurer la dignité et l’efficacité sécuritaire.
Macron face à un mur de résistance sahélienne
Le discours d’Emmanuel Macron, accusant les nouvelles autorités du Niger de putsch, a été perçu comme un mépris supplémentaire. Les peuples sahéliens n’ont pas vu d’action concrète de la part de la France dans la lutte contre le terrorisme, mais ont assisté à une volonté manifeste de soutenir un président déchu sans prendre en compte la voix populaire.
Malgré les pressions diplomatiques, la France a dû reconnaître la légitimité de l’AES, à travers la validation du passeport. Un revirement significatif.
Une taxe douanière commune : vers une autonomie économique
Les pays membres de l’AES ont instauré une taxe de 0,5 % sur toutes les importations en provenance des pays extérieurs à l’alliance, y compris les États membres de la CEDEAO comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou le Nigeria.
Cet impôt symbolise la volonté de protéger leur marché intérieur, renforcer leur union douanière, et surtout créer un fonds commun transparent, soumis à un audit régulier.
L’affaire du drone malien abattu : tensions croissantes avec l’Algérie
Dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025, un drone militaire malien, d’une valeur de 30 millions de dollars, a été abattu par l’armée algérienne après avoir, selon cette dernière, pénétré leur espace aérien de 2 km.
Cette escalade a provoqué une série de rappels d’ambassadeurs, de protestations diplomatiques et de frictions régionales. Un nouveau front de tension s’ajoute à un contexte déjà explosif.
Une résistance populaire décisive
La force des peuples sahéliens a été déterminante. À Niamey, des milliers de citoyens sont descendus dans les rues pour exiger le départ des troupes françaises. Ce réveil populaire, semblable à celui observé en Somalie dans les années 90 contre les forces américaines, a joué un rôle crucial dans le retrait français.
Ces populations ont compris que leur libération ne viendrait pas de l’extérieur, mais de leur propre volonté collective.
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Conclusion : Une ère nouvelle pour l’AES
La reconnaissance du passeport de l’AES par la France est bien plus qu’un simple geste administratif. Elle acte le début d’un nouvel ordre régional, où trois pays longtemps dépendants affirment leur souveraineté, leur identité et leur vision politique indépendante.
L’AES ne fait que commencer, mais elle symbolise déjà la résilience d’un peuple, l’éveil d’une conscience politique et l’espoir d’un futur africain libéré de toute tutelle étrangère.