Burkina Faso : Ibrahim Traoré lance la bataille pour l’autosuffisance et l’industrialisation locale
Un appel fort à la jeunesse, à l’innovation et à la fabrication locale pour briser les chaînes mentales de la colonisation.

Dans un discours passionné, Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso, exhorte les Burkinabè à abandonner la dépendance extérieure pour embrasser la création locale, la formation professionnelle et la production industrielle nationale. À travers des exemples concrets, il plaide pour un changement profond de mentalité, appuyé par des projets ambitieux dans l’éducation, l’industrie, l’agriculture et l’inclusion sociale.
Croire en soi pour reconstruire le pays
Dès les premières minutes de son discours, Ibrahim Traoré met le doigt sur un mal profond : l’héritage psychologique de la colonisation. Selon lui, cet héritage a forgé une génération qui consomme au lieu de créer. Pourtant, la solution est simple : il faut croire en soi. Car, sans confiance en ses propres capacités, aucun progrès durable ne peut émerger.
Il en appelle donc à la jeunesse, aux citoyens, aux leaders, pour qu’ils retrouvent la foi en leur potentiel. L’objectif est clair : libérer l’esprit créatif, réveiller l’innovation et devenir un peuple producteur.
Des exemples concrets : de la porte-manteau au char blindé
Le président illustre ses propos par des situations du quotidien. Pourquoi acheter des porte-manteaux en Chine ou à Dubaï quand il suffirait de faire appel à un menuisier local ? Pourquoi transporter difficilement des tables-bancs en bois dans des camions alors qu’on pourrait en concevoir de pliables, légers et pratiques ?
Il en va de même pour l’armée : terminées les importations de véhicules blindés. Le Burkina fabriquera désormais sur place, quitte à échouer d’abord, puis à s’améliorer. Le mot d’ordre est clair : soit on réussit, soit on réussit.
Une vision industrielle inclusive et décentralisée
Traoré ne se contente pas de discours. Il annonce la mise en place d’un incubateur national pour accueillir les inventeurs et promouvoir la formation professionnelle appliquée. Des centres techniques fermés depuis des années sont en pleine rénovation, comme à Bobo-Dioulasso, avec des laboratoires et salles pratiques à la clé.
Il insiste aussi sur la décentralisation industrielle : pas question de tout concentrer dans la capitale. Des zones industrielles régionales seront créées, notamment à Manga, pour stimuler la production locale et éviter l’exode rural.
Contre la robotisation excessive : l’humain au cœur du développement
Le chef de l’État se positionne également contre une robotisation extrême. Il ne veut pas d’usines ultra-automatisées où seules deux personnes superviseraient des machines. Au contraire, il prône un modèle industriel humain, capable d’employer massivement la jeunesse et de redistribuer équitablement la richesse.
Cette approche vise une industrialisation maîtrisée, adaptée au tissu social burkinabè, favorisant à la fois l’innovation et l’emploi.
Moderniser l’agriculture par l’eau et la technologie locale
Traoré met aussi l’accent sur l’autosuffisance agricole. Les barrages historiques, certains vieux de plus de 100 ans, sont aujourd’hui curés et modernisés. L’État investit dans la réhabilitation des infrastructures hydrauliques, avec l’objectif de permettre deux voire trois récoltes par an.
De plus, le président annonce l’achat de foreuses capables d’aller jusqu’à 1000 mètres de profondeur, pour atteindre de véritables nappes pérennes et libérer le potentiel agricole et pastoral du pays.
Produire localement : une exigence pour l’avenir
Le président appelle les entrepreneurs à ne plus aller acheter des cure-dents, des vis, des pièces détachées ou du matériel agricole à l’étranger. Il souhaite que tout cela soit fabriqué localement grâce aux machines importées et aux techniciens formés dans les lycées techniques.
Pour 2026, il est même prévu que la quasi-totalité du matériel agricole distribué aux agriculteurs soit de fabrication burkinabè. Une coopération étroite est engagée entre le ministère de l’Agriculture et celui de l’Enseignement technique pour mobiliser les jeunes talents issus des écoles.
Inclusion sociale et respect des personnes en situation de handicap
Le président n’oublie pas les plus vulnérables. Il évoque la nécessité de mettre en application les lois existantes en faveur des personnes handicapées, surtout dans des zones comme Manga, particulièrement concernées. Des instructions seront données aux ministères compétents pour faire respecter leurs droits fondamentaux.
Il assure également que les personnes âgées feront l’objet d’une attention particulière à travers les actions du ministère de l’Action humanitaire.
Un appel à la fierté nationale et à la responsabilité collective
En filigrane, tout le discours d’Ibrahim Traoré est une invitation à la responsabilité collective. Il rappelle que vivre sans idéal, c’est vivre en figurant, et mourir sans laisser de trace. Il en appelle à l’engagement de chacun pour redresser le pays, car changer les choses dérange, surtout quand c’est quelqu’un du même quartier qui le fait.
Mais il ne faut pas céder. Il faut avancer, créer, inventer, transformer le Burkina Faso par le travail, la conviction et l’unité.
Conclusion : Industrialiser pour se libérer
À travers ce discours puissant, Ibrahim Traoré trace une voie ambitieuse pour son pays : produire localement, former la jeunesse, développer des industries, moderniser l’agriculture et inverser la dépendance économique. Il refuse le fatalisme hérité de la colonisation et incite son peuple à croire en lui-même.
L’enjeu est clair : transformer une nation consommatrice en une nation créatrice et souveraine. Le chantier est immense, mais la vision est posée.



