Crise politique au Niger : le Nigeria coupe l’électricité, la CEDEAO menace de sanctions
Au cœur de la crise politique qui secoue le Niger, le Nigeria a pris une mesure inédite en coupant l’alimentation en électricité du pays voisin, exacerbant les tensions entre les deux nations. Cette décision, survenue après le renversement du président élu Mohamed Bazoum par des militaires, a poussé la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à menacer de sévères sanctions contre les putschistes. Le Niger, fortement dépendant de l’énergie nigériane à plus de 70%, se retrouve confronté à une situation difficile avec des coupures d’électricité qui affectent la vie quotidienne de nombreux citoyens.
Le Niger subit les sanctions
La crise énergétique au Niger a des conséquences dramatiques pour la population, notamment dans certains quartiers de la capitale, Niamey, où les coupures d’électricité se multiplient, la production locale n’étant pas suffisante pour alimenter la ville. Face à cette dépendance énergétique vis-à-vis du Nigeria, le Niger avait déjà entrepris la construction d’un barrage électrique pour augmenter sa production locale d’électricité et s’emploi à l’achever d’ici 2025. Ce projet d’interconnexion électrique dorsale Nord permettrait également d’échanger de l’énergie électrique avec d’autres pays de la région, dont le Bénin, le Togo, et le Burkina Faso.
La CEDEAO, sous la présidence du chef d’État nigérian Bola Tinubu, a réagi vigoureusement au coup d’État au Niger en imposant des sanctions économiques et en gelant toutes les transactions, y compris les transactions énergétiques. Elle a également menacé d’une intervention militaire si le président déchu n’était pas rétabli dans ses fonctions avant le 6 août. Par ailleurs, une délégation a déjà été dépêché sous la commande de l’ancien dirigeant Nigérian Abdusalami Aboubakar pour négocier avec les soldats qui ont pris le pouvoir.
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Il importe de rappeler que dans le passé, le Mali avait été complètement bloqué et barricadé par la CDEAO, dans l’objectif de le priver de transactions et d’échanges économiques. L’objectif était d’asphyxier le pays pour mettre la pression sur le gouvernement en place. Cependant, les Maliens se sont unis derrière leurs dirigeants et ont résisté à ces pressions, ce qui a rendu la CEDEAO incapable d’ingérence. C’est exactement ce qui veut se passer pour le Niger. Cette situation met en lumière la complexité des relations politiques entre les États ouest-africains et soulève des questions sur l’intervention étrangère dans les affaires internes du Niger.
Le Niger n’est pas seule dans sa quête de liberté: Soutien du Sénégal et du nouveau président
Parmi les pays prêts à soutenir la CEDEAO en cas d’intervention militaire au Niger, on retrouve le Sénégal. Cette éventualité soulève des inquiétudes quant à la possibilité d’un conflit régional avec des répercussions dévastatrices pour les populations locales. La tension diplomatique est également palpable avec la France et les États-Unis, qui ont des intérêts stratégiques au Niger et sont en désaccord sur la gestion de la crise.
Dans ce contexte, le chef de la défense nigérien, le général Abdourahamane Tchiani, nouveau dirigeant auto proclamé, a encouragé ses compatriotes à se tenir prêts à défendre leur nation contre toute ingérence extérieure. Il a déclaré qu’il ne céderait pas aux pressions pour réintégrer le président déchu Mohamed Bazoum, qualifiant les sanctions imposées par les dirigeants de l’Ouest Afrique comme illégales et inhumains. Cette déclaration souligne l’importance de la souveraineté nationale et du maintien de l’unité du peuple nigérien.
Lutte pour l’autosuffisance énergétique et la stabilité régionale
Ainsi, la situation reste tendue et incertaine, et les acteurs politiques internationaux continuent de suivre de près l’évolution de la crise au Niger. Les coupures d’électricité dues à la décision du Nigeria ont un impact direct sur la vie quotidienne des Nigériens, en particulier dans les hôpitaux et les quartiers touchés. Face à cette crise, le Niger doit relever le défi de l’autosuffisance énergétique et trouver des solutions pour assurer un approvisionnement électrique stable et fiable à sa population.
Dans ce contexte complexe, les enjeux sont de taille et la stabilité de la région est à l’épreuve. La résolution de la crise au Niger nécessite une action concertée de la part des acteurs internationaux et une prise en compte des intérêts et aspirations du peuple nigérien. La CEDEAO, en tant qu’acteur régional, joue un rôle crucial dans la recherche d’une solution pacifique et durable à cette crise politique. Cependant, la résolution de la crise énergétique et politique au Niger reste un défi de taille pour tous les acteurs impliqués.
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