Soutien des Rastafariens à Ibrahim Traoré : un symbole d’unité panafricaine ?
De la Jamaïque au Ghana, des voix s’élèvent pour défendre un leader africain attaqué.

Dans une époque où le leadership africain fait souvent défaut, le soutien inattendu des communautés rastafaris à Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso, révèle un phénomène plus large : l’éveil d’une conscience diasporique et un besoin collectif d’unité. Ce soutien mondial dépasse les religions, les origines et les frontières pour poser une question centrale : que représente vraiment Traoré aujourd’hui pour les peuples noirs à travers le monde ?
Un soutien qui dépasse les frontières
Le nom d’Ibrahim Traoré résonne désormais bien au-delà des frontières du Burkina Faso. De Bamako à la Jamaïque, jusqu’à Montenegro, les signes de soutien sont spectaculaires. Des vidéos circulent, notamment depuis des lieux aussi symboliques que la Royal Ethiopian Judic Church, où des descendants africains dans la diaspora proclament leur solidarité avec celui qu’ils qualifient de « président du peuple ».
Ce soutien massif et international intrigue, inspire, mais aussi inquiète. Certains pressentent déjà une jalousie imminente, classique dans l’histoire des figures montantes, surtout en Afrique. L’élan autour de Traoré est si fort qu’il semble déranger. D’où cette inquiétude : et si ce soutien se retournait contre lui ?
La spiritualité : frontière ou tremplin vers l’unité ?
Un point marquant du discours tenu par plusieurs intervenants concerne la spiritualité. « Ils sont chrétiens ? Musulmans ? Non. Mais font-ils le bien ? Absolument. » La question religieuse est ici reléguée au second plan, derrière les valeurs humaines : la loyauté, l’empathie, la générosité. Ce message invite à dépasser les clivages confessionnels pour juger un leader sur ses actes, et non sur ses croyances.
En résumé, ce n’est pas la religion qui unit, mais l’intégrité. Et Traoré, dans les yeux de ces communautés, incarne cette intégrité décolonisée que beaucoup attendaient.
Jamaïque, Ghana, et diaspora : un pont historique
Le soutien jamaïcain prend tout son sens quand on se rappelle que de nombreux Jamaïcains descendent directement du Ghana, notamment via la traite négrière. Aujourd’hui, le Ghana ouvre ses portes à ceux qui veulent « rentrer chez eux », avec même la possibilité de nationalité accordée à certains afro-descendants.
Ce retour à la terre mère n’est pas qu’un symbole. Il est concret : certains reviennent s’installer, acheter des terres, bâtir des projets. Le soutien à Traoré devient alors un acte de réconciliation historique, une manière de renouer les fils coupés de la mémoire africaine dispersée.
Un leader attaqué, une solidarité en réaction
Pourquoi cet engouement autour d’Ibrahim Traoré ? La réponse est simple : il a été attaqué. Un général américain l’aurait accusé, lui et son gouvernement, de chercher à s’enrichir. C’est cette attaque qui a provoqué une vague de solidarité. Comme souvent, ce n’est pas le succès qui rassemble, mais l’injustice subie par un homme perçu comme juste.
Ce soutien n’est donc pas naïf ou irrationnel. Il est réactionnel, fondé sur un sentiment d’injustice, mais aussi sur la soif de leaders authentiques.
La carence de leadership en Afrique
Les Rastafariens l’ont bien dit : « L’Afrique attendait un leader depuis longtemps ». Ce vide de leadership a permis l’installation d’élites corrompues, clanistes, guidées par leurs intérêts privés. À peine élus, beaucoup de dirigeants africains se laissent convaincre qu’il faut vite piller ce qu’ils peuvent, car l’opportunité de gouverner est rare.
Traoré, à l’inverse, a choisi de commencer le travail. Il agit dans un pays perçu comme condamné, un pays « mort » comme certains le disent. Et pourtant, il montre que tout n’est pas perdu, que ce n’est pas l’État qui manque d’avenir, mais la volonté de ses dirigeants.
Une convergence mondiale autour d’un message panafricain
Ce que ce soutien montre, c’est une chose : l’Afrique n’est pas seule. Des voix, issues de la diaspora, d’autres cultures, d’autres spiritualités, se lèvent. Pas uniquement pour défendre un président, mais pour défendre une idée. Celle qu’un homme noir, intègre, capable et visionnaire peut incarner le renouveau d’un continent.
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Conclusion : Ibrahim Traoré, symbole d’un réveil collectif ?
Le soutien des rastafaris à Ibrahim Traoré n’est pas un simple phénomène d’admiration. C’est un message : la diaspora observe, soutient, et s’implique. Traoré devient un point de convergence des frustrations anciennes, des espoirs nouveaux, et d’une quête de souveraineté qui dépasse les frontières.
L’Afrique, longtemps fragmentée par la religion, la politique ou les frontières coloniales, semble ici reconnectée par le symbole d’un homme qui agit. Reste à savoir si ce mouvement s’ancrera dans le temps… ou s’il sera freiné par les jalousies et les forces d’inertie.