L’Afrique de l’Ouest à la croisée des chemins : le Ghana tente de réconcilier la CEDEAO et l’AES
Une initiative diplomatique audacieuse pour restaurer l’unité régionale

Le président ghanéen John Dramani Mahama a récemment entrepris une tournée diplomatique majeure au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Son objectif : inviter ces trois nations, désormais regroupées au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), à participer aux célébrations du 50e anniversaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette démarche vise à raviver les liens entre ces pays et la CEDEAO, malgré leur retrait officiel en janvier 2025.
Contexte : une fracture régionale sans précédent
En janvier 2025, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé leur retrait immédiat de la CEDEAO, dénonçant des sanctions jugées « inhumaines » suite aux coups d’État militaires survenus dans leurs pays. Cette décision a conduit à la création de l’Alliance des États du Sahel (AES), une confédération visant à renforcer leur souveraineté et à établir une coopération militaire et économique autonome.
L’AES a depuis mis en place des initiatives telles qu’un passeport biométrique commun, une force conjointe de 5 000 soldats pour lutter contre le terrorisme, et envisage la création d’une monnaie unique basée sur les ressources naturelles de ses membres.
La mission de Mahama : reconstruire les ponts
Face à cette scission, le président Mahama a entrepris une tournée diplomatique pour inviter les dirigeants de l’AES à participer aux festivités du 50e anniversaire de la CEDEAO à Accra. Cette invitation symbolise une main tendue pour renouer le dialogue et explorer les possibilités de réintégration ou de coopération renforcée entre les deux blocs.
Mahama a souligné l’importance de la solidarité régionale et de la nécessité de surmonter les différends pour assurer la stabilité et le développement de l’Afrique de l’Ouest.
Les réactions de l’AES : prudence et scepticisme
Malgré l’ouverture du Ghana, les dirigeants de l’AES restent prudents. Leur retrait de la CEDEAO a été motivé par des désaccords profonds sur la gouvernance, la souveraineté et les relations avec les puissances occidentales. De plus, les sanctions imposées par la CEDEAO ont laissé des cicatrices, notamment la coupure d’électricité au Niger, qui a eu des conséquences humanitaires graves.
Les leaders de l’AES insistent sur le fait que toute discussion future doit respecter leur autonomie et leur vision d’une coopération régionale basée sur l’égalité et le respect mutuel.
La Russie : un nouvel acteur dans la dynamique régionale
Parallèlement, la Russie cherche à renforcer ses liens avec l’Afrique, notamment en proposant des accords de voyage sans visa avec plusieurs pays africains. Actuellement, seuls quelques pays bénéficient de ce régime, mais Moscou envisage d’étendre cette politique pour accroître son influence sur le continent .
Cette stratégie s’inscrit dans une volonté plus large de la Russie de se positionner comme un partenaire alternatif aux puissances occidentales, en particulier dans des régions comme le Sahel, où les relations avec l’Occident sont tendues.
A Lire: La CEDEAO en quête de soutien européen pour une crise africaine complexe
Conclusion : vers une nouvelle ère de coopération régionale ?
La tentative du président Mahama de réconcilier la CEDEAO et l’AES représente une opportunité cruciale pour l’Afrique de l’Ouest. Alors que les défis sécuritaires, économiques et politiques persistent, une coopération renforcée entre les nations de la région est essentielle pour assurer la paix et le développement.
Cependant, la réussite de cette initiative dépendra de la capacité des parties à dépasser les rancunes passées et à construire une vision commune basée sur le respect, la solidarité et l’intérêt mutuel.



