Pourquoi Ibrahim Traoré a pris un avion russe pour aller à Moscou
Le voyage de Traoré en Russie soulève des questions stratégiques, diplomatiques et sécuritaires

Le président burkinabé Ibrahim Traoré a fait sensation en se rendant à Moscou à bord d’un avion russe à l’occasion de la célébration du 9 mai. Un geste hautement symbolique, qui reflète la nouvelle orientation géopolitique du Burkina Faso. Quelles motivations politiques, diplomatiques ou sécuritaires justifient ce choix ?
Une invitation officielle dans un contexte tendu
Le 9 mai 2025, à l’occasion du 80e anniversaire de la victoire soviétique sur le nazisme, Ibrahim Traoré a été invité par Vladimir Poutine à assister à une cérémonie officielle à Moscou. Ce n’est pas un déplacement anodin : la présence du chef d’État burkinabé côtoyant des dirigeants comme Xi Jinping ou Maduro renforce la place du Burkina Faso dans la sphère d’influence russe. L’invitation était directe, personnelle, et marque une étape supplémentaire dans le rapprochement entre Ouagadougou et Moscou, amorcé depuis le coup d’État de 2022.
Pourquoi un avion russe ? Raisons stratégiques et sécuritaires
Le choix d’un avion russe pour se rendre à Moscou est loin d’être anodin. Plusieurs facteurs entrent en jeu :
- Sécurité renforcée : après deux tentatives de coup d’État (septembre 2023 et avril 2025), la protection du président est une priorité. Les avions de l’escadron spécial Rossia, comme les IL-96 ou TU-204, offrent un niveau de protection élevé : cockpit blindé, brouillage radar, détection de missiles, contre-mesures électroniques, et système anti-drone.
- Symbolisme politique : voyager dans un appareil russe est un message fort. Ibrahim Traoré affiche son rejet des infrastructures occidentales (France, États-Unis) et réaffirme l’alliance avec Moscou.
- Risques d’ingérence : à bord d’un avion russe, escorté et suivi par les autorités russes, les risques d’incident sont minimes. Un vol commercial aurait présenté des dangers stratégiques.
Une image assumée, un chef d’État en armes
Lors de son arrivée à Moscou, Ibrahim Traoré a été reçu en grande pompe, vêtu de son uniforme militaire et arborant son pistolet à la ceinture. Un fait inhabituel pour un chef d’État, mais qui, dans son cas, passe pour un symbole de droiture et d’intégrité. La Russie lui a accordé une carte blanche, preuve de confiance et de considération.
Ce geste renforce sa popularité, notamment auprès de la jeunesse africaine, qui se reconnaît dans son profil atypique, son courage, et son rejet des anciennes puissances coloniales.
Une coopération diplomatique qui se solidifie
Le voyage d’Ibrahim Traoré s’inscrit dans une stratégie plus large de repositionnement géopolitique du Burkina Faso. Depuis 2022, le pays s’est éloigné de la France, expulsant ses troupes et refusant les aides occidentales jugées conditionnées. En retour, la Russie a multiplié les gestes diplomatiques forts : soutien militaire, coopération économique, et aujourd’hui mise à disposition d’avions d’État.
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Cette collaboration s’affiche aussi comme une réponse à l’hégémonie occidentale, offrant au Burkina Faso une alternative dans un monde multipolaire.
Conclusion : Un symbole d’indépendance et d’affirmation
Le voyage d’Ibrahim Traoré à bord d’un avion russe n’est pas un simple choix logistique : c’est un acte diplomatique, sécuritaire et symbolique fort. Il affirme la souveraineté du Burkina Faso, tout en ancrant le pays dans un nouvel axe de coopération. Traoré s’impose ainsi non seulement comme un chef d’État, mais comme un porte-voix d’une Afrique nouvelle, décomplexée et stratège.



