Niger

Niger : Le bras de fer historique contre la France pour le contrôle de l’uranium

Face à des décennies d’exploitation déséquilibrée, le Niger entame la nationalisation de ses ressources et défie les intérêts stratégiques français.

Le Niger vient de prendre une décision radicale : nationaliser une mine d’uranium exploitée par l’entreprise française Orano. Ce tournant géopolitique s’inscrit dans une volonté de reprendre le contrôle de ses ressources naturelles, après des décennies de domination économique. Une mesure saluée par certains comme un acte de souveraineté, mais qui pourrait aussi exposer le pays à d’importants litiges internationaux. Analyse complète d’un bras de fer qui redessine les relations entre l’Afrique et ses anciens partenaires coloniaux.


Une nationalisation comme symbole de dignité retrouvée

Le gouvernement nigérien a récemment annoncé sa volonté de nationaliser une mine d’uranium exploitée depuis des décennies par Orano, une entreprise française liée à l’État. Cette décision marque un tournant stratégique majeur, tant sur le plan économique que diplomatique.

Ce projet de nationalisation s’inscrit dans une dynamique régionale où plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, comme le Mali ou le Burkina Faso, revoient leurs contrats miniers pour mettre fin à l’exploitation abusive de leurs richesses naturelles. Au Niger, c’est l’uranium, ressource précieuse et stratégique, qui est au cœur du conflit.


Orano accusée d’excès et d’abus prolongés

Selon les autorités nigériennes, Orano aurait extrait 86,3 % de la production totale depuis 1971, alors que le contrat initial ne lui en permettait que 63 %. Ce déséquilibre représente des milliards de pertes pour le Niger, dans un contexte où le pays peine encore à fournir de l’électricité à sa propre population, alors même que son uranium alimente une partie de l’Europe.

Le comble ? La France aurait acheté cet uranium à 0,80 dollar le kilo au Niger, contre 200 dollars au Canada pour la même qualité. Un scandale économique, révélateur d’un rapport de domination post-colonial profondément ancré dans les relations franco-africaines.


Le président Tiani change les règles du jeu

L’arrivée au pouvoir du général Tiani a marqué un virage souverainiste. Depuis son accession, plusieurs réformes audacieuses ont été engagées, notamment contre la discrimination de certaines entreprises étrangères.

L’affaire des hôtels chinois : un précédent révélateur

Un hôtel chinois au Niger avait interdit l’accès aux clients noirs et refusait de recruter du personnel nigérien. Le gouvernement a immédiatement fermé l’établissement et exigé que les Chinois logent désormais dans des hôtels locaux. Une décision forte, qui a rétabli la dignité du peuple nigérien.

Le secteur pétrolier aussi sous surveillance

Dans le projet de pipeline vers le Bénin, les postes managériaux étaient exclusivement occupés par des Chinois. Là aussi, l’État nigérien est intervenu : les travailleurs étrangers restés plus de 4 mois ont été sommés de partir, afin de libérer de l’espace pour les cadres locaux.


Un bras de fer juridique avec la France ?

La décision du Niger pourrait entraîner une procédure judiciaire internationale. En effet, Orano pourrait saisir le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), sous tutelle de la Banque mondiale.

Ces mécanismes de règlement de conflits protègent à la fois les entreprises étrangères et les États, mais l’histoire montre que les États africains n’en sortent pas toujours gagnants.

Cas 1 : Mali vs Randgold (2008-2015)

Le Mali avait tenté d’imposer de nouvelles taxes minières à Randgold, violant les clauses de stabilité fiscale. Résultat : le pays a perdu en justice et a dû payer des millions en compensation.

Cas 2 : Namibie vs Orano (ex-Areva)

Après la catastrophe de Fukushima, la Namibie a bloqué certaines licences d’exportation, suscitant la colère d’Orano. Bien que le litige ait été réglé discrètement, cela souligne les risques diplomatiques et financiers d’un tel conflit.

Cas 3 : Tanzanie vs Barrick Gold (2017-2019)

À l’inverse, la Tanzanie a réussi à faire plier Barrick Gold, qui a accepté de payer 300 millions de dollars et de créer une co-entreprise équitable. Un modèle dont pourrait s’inspirer le Niger.


Une bataille pour l’honneur et la souveraineté

Au-delà de la logique économique, cette affaire pose une question plus profonde : celle de l’honneur national. Pour le gouvernement nigérien, il ne s’agit pas seulement d’argent ou de contrats, mais d’un acte de dignité face à des décennies de mépris et de domination.

Comme le rappelle l’auteur de la vidéo, « il vaut mieux vivre un jour comme un lion que 30 ans comme un mouton ». Ce choix courageux, bien que risqué, résonne comme un cri d’émancipation pour tout un continent.

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Conclusion : le Niger, symbole d’un réveil africain ?

Le Niger ouvre un nouveau chapitre de son histoire en osant remettre en cause l’ordre établi depuis la colonisation. Nationaliser ses ressources, refuser les abus des puissances étrangères, valoriser les compétences locales : autant de pas vers une Afrique plus autonome et plus fière.

Mais ce chemin n’est pas sans embûches. Le droit international, les pressions économiques, et la réalité des rapports de force mondiaux pèseront sur la suite des événements. Reste à savoir si ce combat pour la justice économique et la souveraineté énergétique fera école dans d’autres pays africains.

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Plongez-vous dans un univers captivant où chaque texte est une fenêtre ouverte sur des sujets variés, allant de la géopolitique africaine aux questions de vie et de la société africaines et autres. Zack Mwekassa: Le Guérier Noir, Votre Frère.

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