Niger

Le Niger se dote de drones turcs de 6 500 km pendant que Macron refuse de s’excuser à Madagascar

Entre montée en puissance militaire au Sahel et mémoire coloniale ignorée à Madagascar, l’actualité franco-africaine révèle une fracture grandissante.

Le Niger franchit un cap stratégique majeur en acquérant des drones turcs d’une portée de 6 500 kilomètres, capables de bouleverser l’équilibre militaire dans la région. Dans le même temps, Emmanuel Macron, en visite à Madagascar, refuse de présenter des excuses officielles pour les crimes coloniaux de la France, provoquant la déception des populations locales. Deux évènements parallèles mais profondément liés par une même dynamique : l’émancipation de l’Afrique face aux puissances occidentales.


Le Niger muscle sa défense : des drones turcs à portée régionale

Une puissance technologique inédite pour l’armée nigérienne

Le Niger vient d’annoncer l’achat de drones turcs de dernière génération, capables de parcourir jusqu’à 6 500 kilomètres avec une autonomie de 40 heures. Ces drones, d’un coût unitaire de 15 à 20 millions de dollars, représentent une avancée considérable pour les capacités de défense et d’attaque de l’armée nigérienne. Leur charge utile atteint 750 kg, bien au-delà des modèles précédemment utilisés comme le Bayraktar TB2, limité à 150 km et 24h d’autonomie.

Une formation militaire sérieuse pour une montée en compétence

Pour accompagner cette acquisition, six pilotes et six opérateurs nigériens suivent actuellement une formation à la Turkish Airline Flight Academy. Au programme : 330 heures de théorie, 318 sorties d’entraînement et 280 heures de vol effectif. Cette rigueur témoigne d’un engagement réel à maîtriser pleinement ces engins sophistiqués. L’objectif ? Renforcer la souveraineté et la capacité d’intervention du Niger, en particulier contre le terrorisme et dans un contexte régional tendu.


Une réponse implicite aux tensions régionales

Le développement de l’arsenal militaire nigérien ne vise pas officiellement un pays en particulier, mais les références à l’Algérie dans le discours montrent une volonté de se préparer à tout scénario. Rappelons que le Niger est membre de l’Alliance des États du Sahel (AES), un bloc qui a rompu avec la France et cherche aujourd’hui à construire sa propre force de dissuasion. L’achat de ces drones ultra-performants va clairement modifier l’équilibre militaire dans la région.


Madagascar : la visite de Macron sans pardon

Une visite attendue… mais décevante

Pendant que le Sahel se réarme, un autre front diplomatique s’ouvre : Madagascar, ancienne colonie française, a accueilli Emmanuel Macron pour une visite historique. Mais contrairement aux attentes, le président français a refusé de présenter des excuses officielles pour le passé colonial de la France sur l’île.

Des blessures encore ouvertes

La France a gouverné Madagascar de 1897 à 1960, dans un contexte de répression violente et d’exploitation systémique. Le moment le plus sombre reste le soulèvement malgache de 1947, où des milliers de personnes furent tuées. Alors que la France parle de 11 000 morts, des historiens évoquent jusqu’à 80 000 victimes, et les Malgaches avancent le chiffre de 100 000. Face à cela, Macron a préféré évoquer la “réconciliation” sans demande de pardon, suscitant l’indignation.


Les îles Éparses : un autre contentieux colonial

Un enjeu géostratégique majeur

Les îles Éparses, territoires revendiqués par Madagascar, sont toujours sous administration française, malgré une résolution de l’ONU en 1979 reconnaissant leur appartenance à Madagascar. Le président malgache Andry Rajoelina a réitéré cette revendication, affirmant que ces îles font partie intégrante de l’identité nationale malgache.

La France refuse toujours de céder

Malgré la reconnaissance internationale, la France maintient son contrôle, évoquant des arguments juridiques et historiques. Ce refus, ajouté à celui des excuses officielles, démontre un mépris persistant pour la souveraineté des anciennes colonies. Le contraste est flagrant entre la posture diplomatique française et l’évolution géopolitique des États africains, comme le Niger, qui reprennent en main leur destin militaire.


Algérie : l’autre face de la mémoire refusée

Une blessure encore vive

Macron a élargi son refus d’excuses à l’Algérie, pourtant théâtre de tests nucléaires français après la Seconde Guerre mondiale. Ces expérimentations ont laissé des séquelles durables sur l’environnement et les populations, à l’image de ce que le Japon a connu avec Hiroshima. L’Algérie a demandé en 2024 à la France de fournir la cartographie des sites de tests nucléaires. Refus net de Paris.

Une politique d’oubli déguisée en symbolisme

Au lieu d’une reconnaissance pleine et entière, la France propose des gestes symboliques au nom de la réconciliation. Mais sans reconnaissance, sans réparation, et sans restitution, comment bâtir une paix des mémoires ? La logique de domination coloniale semble perdurer, même si elle change de forme.

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Conclusion : l’Afrique entre affirmation militaire et déni mémoriel

D’un côté, le Niger affirme son autonomie stratégique en s’équipant de drones de pointe capables d’atteindre 6 500 km de rayon d’action. De l’autre, la France refuse de reconnaître ses responsabilités historiques, que ce soit à Madagascar ou en Algérie. Ce contraste illustre un moment charnière pour l’Afrique : le continent veut se libérer militairement, économiquement et historiquement, mais se heurte encore au refus d’expiation de ses anciens colonisateurs.

Tant que les excuses officielles resteront taboues, le ressentiment grandira. Et tant que l’Afrique continuera de se réarmer, elle enverra un message clair : le temps de la soumission est révolu.

Report

Plongez-vous dans un univers captivant où chaque texte est une fenêtre ouverte sur des sujets variés, allant de la géopolitique africaine aux questions de vie et de la société africaines et autres. Zack Mwekassa: Le Guérier Noir, Votre Frère.

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