Crise diplomatique entre l’Algérie et la France : Expulsions, rétorsions et mémoire coloniale
Le refus de l’Algérie d’accueillir 60 ressortissants expulsés par la France a déclenché une série de mesures diplomatiques et ravivé les tensions historiques entre les deux pays.

L’Algérie a récemment opposé un refus catégorique à la France, qui voulait expulser en masse 60 personnes d’origine algérienne. Ce refus a entraîné des mesures de représailles de la part de Paris, notamment la suspension d’un visa diplomatique spécial. Cette crise s’inscrit dans un contexte plus large de relations tendues post-coloniales, de litiges géopolitiques et d’un sentiment anti-français croissant en Afrique.
Un Refus Ferme : L’Algérie Rappelle la France à l’Ordre
C’est un geste diplomatique fort. Alors que la France souhaitait expulser en bloc 60 Algériens, l’Algérie a refusé de les recevoir. La raison ? L’absence de respect des procédures légales et individuelles. Alger dénonce une méthode brutale et irrespectueuse, où les cas ne sont pas étudiés un par un, comme le prévoit le droit international.
Selon les autorités algériennes, ces expulsions massives sont assimilables à une déportation inhumaine :
« On ne jette pas des êtres humains dans un avion pour les balancer sur notre territoire comme des colis. »
Ce refus révèle la volonté de l’Algérie de s’imposer sur la scène diplomatique et de ne plus tolérer des pratiques unilatérales, notamment de la part de l’ancien colonisateur.
La Réaction Française : Sanctions Diplomatiques et Menaces à Peine Voilées
En guise de représailles, la France a suspendu un visa spécial d’entrée réservé aux diplomates algériens. Ce visa permettait aux représentants officiels algériens de se rendre sur le territoire français sans avoir à effectuer de démarches administratives lourdes.
Ce retrait constitue une escalade diplomatique significative. Elle traduit non seulement la colère de Paris, mais aussi sa volonté d’imposer un rapport de force à une Algérie jugée trop indépendante.
Une Histoire Coloniale Qui Ne Passe Pas
Il est impossible de comprendre cette crise sans revenir sur l’histoire coloniale violente entre les deux pays. L’Algérie a été colonisée par la France de 1830 à 1962. Durant cette période :
- Des milliers d’Algériens ont été massacrés.
- La France a effectué plusieurs essais nucléaires en territoire algérien, exposant des populations civiles.
- Les pratiques d’oppression, de torture et de viols ont laissé des traces profondes dans la mémoire collective.
Même après l’indépendance, les relations sont restées marquées par une méfiance persistante, oscillant entre coopération économique et ressentiment latent. La récente crise ne fait que raviver ces blessures historiques encore mal cicatrisées.
La France et ses contradictions : citoyenneté et rejet
Parmi les expulsés figureraient des personnes nées en France, parfois naturalisées, mais perçues comme « non-assimilées » ou « indésirables ». L’Algérie, de son côté, rappelle un principe fondamental :
« Si un individu est né en France, a grandi en France, a un passeport français, alors c’est un Français. Il ne peut être déchu de sa nationalité selon des critères ethniques ou idéologiques. »
Le traitement différencié des binationaux ou des immigrés, notamment maghrébins, alimente un sentiment d’injustice, aussi bien en France que dans les pays d’origine.
Le dossier explosif du Sahara Occidental
Parallèlement, une source de tension géopolitique supplémentaire empoisonne les relations : le Sahara Occidental. Cette région, ex-colonie espagnole, est revendiquée par le Maroc, mais soutenue dans sa lutte pour l’indépendance par l’Algérie.
En affichant récemment son soutien au Maroc, Emmanuel Macron a offensé Alger, qui perçoit cette posture comme une trahison stratégique. Ce revirement s’inscrit dans une volonté de resserrer les liens entre Paris et Rabat, quitte à affaiblir encore plus la relation franco-algérienne.
Le sentiment anti-français s’amplifie en Afrique
Au-delà du cas algérien, la montée du sentiment anti-français en Afrique est devenue une tendance continentale. Du Mali au Burkina Faso, en passant par le Niger ou la Centrafrique, les manifestations hostiles à la France se multiplient. La population et certains régimes dénoncent :
- L’ingérence politique permanente de Paris.
- Le néocolonialisme économique.
- L’arrogance diplomatique, parfois illustrée par les propos de dirigeants français comme Emmanuel Macron.
Ce contexte général rend la position française de plus en plus délicate, et les sanctions imposées à l’Algérie apparaissent comme un bras de fer politique révélateur d’un malaise plus profond.
L’Algérie isolée ou solidaire ? Une stratégie continentale à définir
D’autres pays, comme le Mali, le Burkina Faso ou le Niger, ont récemment quitté des organisations internationales francophones, comme l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie), en signe de protestation contre la domination française. L’Algérie suivra-t-elle cette voie ?
Cette décision marquerait une rupture symbolique forte, mais s’inscrirait dans un élan de souveraineté assumé par plusieurs pays africains, désireux de redéfinir leurs alliances stratégiques et de sortir du giron français.
Conclusion : Un rapport de force en mutation
La crise actuelle entre l’Algérie et la France illustre bien plus qu’un simple désaccord diplomatique. Elle cristallise :
- Une histoire coloniale douloureuse non assumée.
- Une volonté algérienne de s’imposer comme acteur souverain.
- Une politique française jugée arrogante et dépassée.
À mesure que le continent africain se réveille, que les populations réclament respect, dignité et autonomie, les anciennes puissances coloniales comme la France devront réviser en profondeur leurs approches.
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Les gestes symboliques comme les expulsions massives ou les sanctions de visas ne font qu’alimenter le rejet et la défiance. Le temps d’une nouvelle diplomatie égalitaire et respectueuse semble être venu… à moins que certains ne préfèrent encore l’arrogance aux compromis.