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Air France quitte le Sahel : comment le Mali, le Burkina et le Niger transforment une crise en opportunité aérienne

Face au départ d’Air France, les pays du Sahel et leurs alliés africains réorganisent leur ciel, créant une nouvelle dynamique régionale portée par Air Sénégal et Air Côte d’Ivoire.

Le départ d’Air France du Sahel, motivé par des tensions diplomatiques croissantes, aurait pu paralyser les liaisons aériennes entre la région et le reste du monde. Au contraire, cette rupture a déclenché une restructuration stratégique du transport aérien africain, ouvrant la voie à des compagnies comme Air Sénégal ou Air Côte d’Ivoire. Cet article explore comment cette transition illustre un tournant historique dans les rapports entre la France et l’Afrique de l’Ouest, et symbolise un début d’autonomisation continentale.


Une porte se ferme, des opportunités s’ouvrent

Quand Air France a suspendu ses vols à destination du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la nouvelle a été perçue comme une sanction indirecte contre les régimes de transition. La compagnie évoquait des raisons de sécurité, qualifiant la région de zone rouge, malgré la présence continue d’autres compagnies comme Ethiopian Airlines, Turkish Airlines ou Brussels Airlines.

Cette décision est intervenue dans un contexte de rupture diplomatique entre Paris et les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES). Ces nations reprochent à la France une présence militaire inefficace contre le terrorisme et des ingérences politiques prolongées depuis la colonisation.

Le rejet de l’ingérence : un point de non-retour

Dans la continuité de ce désengagement, les gouvernements sahéliens ont adopté une position ferme vis-à-vis de la France. Le discours officiel : « Si votre présence n’apporte ni sécurité ni respect, alors il est temps de partir. »

À Niamey, la résistance populaire a accéléré le retrait de l’ambassadeur français. Au Burkina Faso et au Mali, les manifestations contre la politique française se sont multipliées. Emmanuel Macron, alors en difficulté, avait exprimé sa volonté de maintenir une influence dans la région, justifiant la politique française par le besoin de « stabilité » et de « développement économique ». Mais cette rhétorique n’a plus trouvé preneur.

Air Sénégal et Air Côte d’Ivoire : les nouveaux maîtres du ciel sahélien

Alors que la France perdait un marché stratégique, les compagnies africaines ont flairé une opportunité. Air Sénégal a rapidement déployé une nouvelle stratégie, couplant ses vols à Niamey avec des escales à Bamako ou Ouagadougou, créant ainsi une nouvelle dynamique régionale.

De son côté, Air Côte d’Ivoire a maintenu, puis renforcé, ses fréquences vers Bamako, avec 13 vols hebdomadaires et des projets d’expansion.

Une réponse économique à une crise politique

Cette évolution montre que l’Afrique peut s’adapter aux ruptures diplomatiques en s’appuyant sur ses propres ressources. Alors qu’Air France perdait près de 60 millions d’euros, le ciel sahélien devenait un terrain fertile pour des compagnies africaines.

La perte d’influence française est d’autant plus ironique qu’elle survient dans un contexte où Paris continue de verser 400 millions d’euros d’aide au développement. Une aide qui interroge : pourquoi se plaindre de pertes minimes (60 M€) alors que l’on prétend en donner sept fois plus « gratuitement » ?

Une diplomatie aérienne qui dépasse les lignes

Au-delà du Sahel, d’autres pays africains redessinent leurs relations bilatérales. Exemple marquant : la suppression du visa entre la Tanzanie et la République démocratique du Congo, facilitant le commerce et les échanges culturels.

En Afrique du Sud, la politique étrangère se radicalise aussi. L’expulsion de l’ambassadeur sud-africain par les États-Unis, après des critiques contre Donald Trump, montre une affirmation de la souveraineté diplomatique africaine.

A Lire: Le Niger accuse le Secrétaire Général de l’ONU Antonio Guterres de saboter son discours sur la France et le terrorisme au Sahel


Conclusion : vers un ciel africain plus libre et plus solidaire

Le retrait d’Air France du Sahel aurait pu représenter une catastrophe logistique et symbolique. Mais il s’est transformé en levier d’autonomisation économique et diplomatique. Les États africains, longtemps relégués au second plan dans leur propre espace aérien, montrent qu’ils peuvent reprendre la main.

Air Sénégal, Air Côte d’Ivoire, la RDC, la Tanzanie ou encore l’Afrique du Sud deviennent les visages d’une Afrique qui n’attend plus l’approbation de ses anciens maîtres pour avancer.

Ce nouvel équilibre aérien est une métaphore puissante : quand les anciens pilotes quittent l’avion, les nouvelles générations prennent les commandes.

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Plongez-vous dans un univers captivant où chaque texte est une fenêtre ouverte sur des sujets variés, allant de la géopolitique africaine aux questions de vie et de la société africaines et autres. Zack Mwekassa: Le Guérier Noir, Votre Frère.

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