Crise culturelle franco-africaine : La France suspend sa coopération avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso
Une décision secoue le monde de l'art et de la culture
La récente décision du ministère des Affaires étrangères français de suspendre toute coopération culturelle avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso a provoqué un véritable séisme dans le monde de l’art et de la culture. Cette décision, qui affecte directement les artistes venant de ces pays, a suscité de vives réactions et soulevé de nombreuses questions quant à ses motivations et à ses conséquences.
L’annonce de cette suspension, transmise aux structures culturelles françaises le 14 septembre, a créé un profond malaise au sein de la communauté artistique. Les artistes maliens, nigériens et burkinabè ne pourront plus performer, travailler en France, être subventionnés ou même participer à des événements culturels sur le territoire français. Cette décision draconienne, qualifiée de « sanction collective », a été prise en réponse à des motifs de sécurité, mais suscite un débat intense sur sa légitimité.
En outre, la France a requis la cessation de tout soutien financier, englobant même celui provenant d’organisations françaises comme les associations. De surcroît, elle a instamment recommandé de ne plus émettre d’invitations à l’intention des citoyens de ces nations.
Les coulisses de la suspension de la coopération culturelle: Un regard sur l’héritage et les conflits dissimulés
Pour mieux comprendre les enjeux de cette décision, il est essentiel de remonter aux origines de la coopération culturelle entre la France et ces pays d’Afrique de l’Ouest. Au cours des décennies précédentes, la France a entretenu des relations culturelles riches avec ces nations, favorisant les échanges artistiques, les collaborations et les subventions. Cependant, cette coopération a été ternie par des différends politiques et sécuritaires récents.
Le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont exprimé leur désir de mettre fin à l’influence française sur leur territoire, notamment en matière de sécurité. La France, engagée militairement dans la région pour lutter contre le terrorisme, terrorisme qu’elle n’a pu combattre, a suspendu la délivrance de visas depuis certaines capitales africaines notamment Niamey, Ouagadougou et Bamako depuis le 7 août, invoquant des raisons de sécurité. Cette mesure, qui prendra fin jusqu’à nouvel ordre, a été perçue comme une atteinte à la liberté de circulation et à la coopération culturelle.
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Une mesure collectivement controversée
Les directives du ministère des Affaires étrangères français ont été critiquées pour leur caractère collectif et punitif envers les artistes, qui sont souvent éloignés des questions de sécurité nationale. De nombreux membres du milieu culturel français se sont insurgés contre cette décision, arguant qu’elle entravait la liberté artistique et allait à l’encontre de la tradition française d’inviter des artistes du monde entier, indépendamment des conflits politiques.
« Nous n’avons jamais été confrontés à une injonction aussi radicale, déclare Bruno Loubet, vice-président du syndicat et directeur du manège. Il souligne que de nombreux artistes sont déjà entravés dans leur travail dans certains de leurs pays d’origine, et ajouter cette nouvelle contrainte serait préjudiciable à leur viabilité artistique, tout en portant atteinte à l’image de la France. Cela pourrait se révéler être une véritable catastrophe.
L’annonce a également soulevé des questions sur la cohérence de la politique culturelle française. Certains ont rappelé le soutien apporté aux artistes russes lors du conflit en Ukraine, ce qui contraste avec la suspension brutale de la coopération avec les artistes africains. Cette incohérence a suscité des interrogations sur les motivations réelles de cette décision et sur les pressions exercées par le gouvernement français.
Une opportunité pour l’Afrique de devenir autonome
En réponse à cette décision, des voix se sont élevées pour appeler à la réflexion collective et à la reconstruction des systèmes culturels nationaux en Afrique. Les artistes et les intellectuels africains plaident pour une plus grande autonomie culturelle et la création de leurs propres structures de soutien artistique. Ils considèrent que cette crise est une opportunité pour l’Afrique de prendre en main son destin culturel.
En fin de compte, la suspension de la coopération culturelle entre la France et ces pays d’Afrique de l’Ouest reste un sujet de débat complexe. Elle pose des questions sur la liberté artistique, les relations internationales et la responsabilité des artistes dans le contexte politique. Une chose est certaine, cette décision a mis en lumière les enjeux cruciaux de la coopération culturelle entre les nations et les dilemmes auxquels font face les artistes dans un monde en constante évolution. La recherche de solutions durables pour préserver la créativité artistique tout en respectant les impératifs de sécurité demeure un défi majeur à relever.
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