Pourquoi les États-Unis Rejettent les Leaders des Coups d’État Africains : Enjeux Stratégiques et Double Discours
Une analyse des raisons cachées derrière le rejet américain des dirigeants issus de coups d’État en Afrique.

La montée de figures militaires comme Ibrahim Traoré, Mamadi Doumbouya ou Abdurrahmane Tiani soulève une question cruciale : pourquoi les États-Unis, après avoir formé certains de ces leaders, les rejettent-ils dès qu’ils prennent le pouvoir par la force ? Cet article, basé sur un échange filmé entre un député américain et un général, explore la contradiction entre les discours officiels et les réalités géopolitiques africaines. Un dossier explosif sur la véritable stratégie des puissances occidentales en Afrique.
Quand un leader africain dérange l’ordre établi
Ibrahim Traoré, jeune chef d’État burkinabé, est devenu en peu de temps une figure emblématique du panafricanisme contemporain. Soutenu par des populations au-delà des frontières du Burkina Faso, il symbolise une aspiration profonde à l’indépendance et à la dignité pour le continent africain. Mais très vite, les critiques et les tentatives d’isolement surgissent, notamment en provenance des États-Unis. Une mécanique déjà bien rodée contre ceux qui veulent s’émanciper de l’ordre occidental.
L’entraînement militaire américain : tremplin ou piège ?
Durant une audition, un général américain est confronté à une question directe : combien d’Africains ont été formés par l’armée américaine ? Sa réponse hésitante contraste avec la réalité : plus de 50 000 militaires africains auraient bénéficié d’un entraînement américain. Et pourtant, certains finissent par orchestrer des coups d’État. Mamadi Doumbouya, formé en partie par les Américains, a renversé Alpha Condé. Tiani au Niger a également bénéficié de ces formations. Pourquoi ces leaders, pourtant “éduqués aux valeurs démocratiques américaines”, se retournent-ils contre les gouvernements en place ?
Des valeurs incompatibles ?
La vraie question posée est celle-ci : ces leaders africains partagent-ils réellement les valeurs américaines ? Le général affirme que leurs programmes insistent sur la démocratie, la gouvernance civile et la stabilité. Mais le député rétorque : si ces principes sont inculqués, pourquoi observe-t-on autant de renversements de gouvernements ? Serait-ce que les formations occidentales servent davantage à orienter les gouvernants africains vers des choix pro-occidentaux qu’à réellement bâtir des démocraties africaines ?
Niger : du rejet de l’ambassadeur à l’expulsion de l’armée
Le cas du Niger est emblématique. Après le coup d’État de Tiani, le nouveau régime expulse l’ambassadeur français, puis les troupes françaises. Les accusations américaines suivent rapidement : soupçons de vente d’uranium à l’Iran, menace de sanctions… Le Niger réplique : les accusations sont fausses, et la présence militaire américaine est déclarée illégale. La relation se détériore, et les militaires russes sont invités à remplacer les Américains sur leurs propres bases.
La Guinée et le compte à rebours américain
En Guinée, Mamadi Doumbouya dénonce l’ingérence américaine. Après avoir été pressé par les États-Unis de fixer une date pour des élections, l’ambassade lance un compte à rebours public. Doumbouya réagit vivement, dénonçant une tentative de déstabilisation. La rupture est claire : les ambitions souverainistes des nouveaux régimes africains entrent en collision directe avec la volonté de contrôle occidental.
Le Mali et la sanction contre la souveraineté
Le Mali d’Assimi Goïta suit une trajectoire similaire : rupture avec la France, rapprochement avec la Russie, expulsion des troupes étrangères. En réponse, Washington impose des sanctions personnelles contre Goïta. Mais loin de céder, le Mali s’enfonce dans une logique de rupture assumée. Une reconquête souveraine qui inquiète l’ordre établi.
Gabon : le cas à part
Curieusement, le coup d’État au Gabon ne suscite pas la même hostilité. Le général Oligui, bien que formé à l’étranger, maintient une coopération étroite avec les États-Unis. Pourquoi cette différence ? Parce que le Gabon abrite des bases militaires américaines, et que des intérêts économiques majeurs sont en jeu, notamment dans le secteur pétrolier et minier. La leçon est claire : ce n’est pas le coup d’État en lui-même qui dérange, mais ce qu’il remet en cause.
Une guerre de valeurs ou une guerre d’intérêts ?
La conclusion implicite de ces situations est limpide : les dirigeants africains ne sont pas rejetés pour leurs méthodes, mais pour leurs choix de partenaires. Qu’ils soient formés par l’Occident ou non, ils sont tolérés tant qu’ils restent dans la ligne pro-occidentale. Mais dès qu’ils regardent vers la Russie, l’Iran ou d’autres alternatives, ils deviennent des “menaces” pour la démocratie.
Traoré, le symbole d’un tournant
Ibrahim Traoré incarne un modèle de leader qui dérange : jeune, panafricaniste, allié de Moscou, il redéfinit les rapports de force. Malgré les incertitudes sur son passé militaire ou ses formations, il affiche une posture de résistance qui séduit de plus en plus de jeunes Africains. Et c’est précisément ce qui suscite une opposition aussi féroce : il ne se contente pas de renverser un pouvoir, il propose un nouveau narratif.
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Conclusion : Et si le problème était ailleurs ?
À travers les exemples du Niger, du Mali, de la Guinée, du Gabon ou du Burkina Faso, une constante apparaît : le rejet occidental n’est pas systématique mais conditionnel. Il dépend moins de la manière d’arriver au pouvoir que de la volonté d’émancipation réelle des puissances étrangères. Le véritable enjeu n’est pas la démocratie, mais le contrôle géopolitique.



