
Le 9 mai prochain, plusieurs chefs d’État africains sont attendus à Moscou pour le défilé commémoratif de la victoire soviétique sur le nazisme. Mais l’avertissement lancé par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui refuse de garantir leur sécurité, fait planer la menace d’une escalade. En toile de fond : une guerre russo-ukrainienne persistante, des alliances fragiles, et un positionnement africain qui questionne.
Des chefs d’État africains à Moscou pour une commémoration historique
Le 9 mai marque un événement emblématique pour la Russie : la commémoration de la victoire de l’Union Soviétique contre l’Allemagne nazie. Cette année, les cérémonies prendront une tournure particulière avec la présence annoncée de nombreux chefs d’État africains. Parmi eux : Ibrahim Traoré (Burkina Faso), Umaro Sissoco Embalo (Guinée-Bissau), Abdel Fattah al-Sissi (Egypte), Emmerson Mnangagwa (Zimbabwe), Denis Sassou Nguesso (Congo), Teodóro Obiang Nguema (Guinée Équatoriale) et Abiy Ahmed (Ethiopie).
Cette participation reflète une forme de solidarité diplomatique envers Moscou, alors que l’Occident tente d’isoler la Russie sur la scène internationale. À noter aussi, la présence confirmée de la ministre de la défense sud-africaine Angie Motshekga.
Zelensky refuse de garantir leur sécurité : provocation ou menace voilée ?
Alors que la Russie prévoit un cessez-le-feu temporaire pour permettre les cérémonies, Zelensky a réagi avec fermeté. Selon lui, aucun cessez-le-feu ne saurait être valable s’il ne dure que quelques jours. Pire : il affirme que l’Ukraine ne garantira pas la sécurité des délégations étrangères présentes à Moscou.
Cette déclaration est perçue comme un avertissement direct aux pays africains. En clair : si des bombardements ou des attaques ont lieu à Moscou pendant le défilé, la responsabilité ne pourra pas être imputée à Kiev. Un message réaffirmé par les récentes attaques de drones ukrainiens sur la capitale russe.
Des réunions bilatérales mal vues par Kiev
Vladimir Poutine a prévu d’organiser des réunions bilatérales avec plusieurs de ces dirigeants africains, notamment ceux du Burkina Faso, du Congo, de l’Égypte, de la Guinée-Bissau et du Zimbabwe. Pour Zelensky, cette proximité diplomatique représente une trahison silencieuse.
En refusant de soutenir l’Ukraine dans le conflit, ces pays africains sont perçus comme favorable à la Russie. D’où une posture plus agressive de Kiev, déterminé à dissuader toute légitimation indirecte de Moscou par le Sud global.
Quand la diplomatie côtoie le danger : un avertissement mis en pratique
Peu après ces déclarations, des drones ukrainiens ont été interceptés au-dessus de Moscou pour la deuxième nuit consécutive. Une manière, peut-être, de traduire en actes les paroles de Zelensky. De son côté, Moscou assure que ses systèmes de défense sont opérationnels et que la sécurité des chefs d’État sera assurée.
Pour autant, l’inquiétude grandit : bombarder une capitale pendant qu’elle accueille des chefs d’État du Sud pourrait être perçu comme une escalade intolérable et isoler davantage Kiev sur la scène internationale.
Trump, la Chine, et les dessous du silence américain
En toile de fond de ce bras de fer diplomatique, on trouve les relations complexes entre Zelensky, Trump et la Chine. Des images de l’ancien président américain Donald Trump à Rome avec Zelensky ont récemment circulé, contrastant avec leurs tensions passées.
Trump a toujours critiqué la stratégie militaire actuelle en Ukraine. Or, un accord sur l’exploitation des ressources ukrainiennes aurait été signé entre Kiev et l’équipe Trump. Cela pourrait expliquer le retrait américain des discussions de paix, et la radicalisation de Kiev, désormais soutenue par des intérêts économiques plus que pacifiques.
Pendant ce temps, la Chine, également invitée à Moscou, poursuit sa stratégie d’influence silencieuse. Si Zelensky choisit l’escalade, il pourrait perdre l’appui des puissances africaines et asiatiques, avec des conséquences diplomatiques majeures.
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Conclusion : jusqu’où ira l’avertissement ukrainien ?
La réaction de Zelensky face à la participation africaine au défilé du 9 mai à Moscou soulève une question cruciale : faut-il menacer la diplomatie pour défendre une position militaire ? En refusant de garantir la sécurité des chefs d’État, le président ukrainien risque de compromettre durablement ses liens avec l’Afrique.
Si les drones deviennent le moyen de pression favori, cette méthode pourrait se retourner contre Kiev. Désormais, tous les regards sont tournés vers le 9 mai, date où l’équilibre diplomatique pourrait basculer.