Les États-Unis excluront le Burkina Faso d’un programme commercial crucial : Quelles implications pour le pays africain ?
Dans une annonce récente, le président Joe Biden a déclaré que les États-Unis excluront le Burkina Faso d’un programme commercial spécial accordé aux pays africains pour les aider à prospérer financièrement. Le programme en question, l’Accord de Croissance et d’Opportunité en Afrique (AGOA), établi en 2000 pour faciliter les échanges économiques entre les États-Unis et le continent africain, exemptant plus de 6500 produits africains de taxes à l’exportation vers les États-Unis.
Les raison officielles de l’exclusion du Burkina Faso. Des conséquences à longue portée
Les Etats-Unis ont justifié leur décision de retirer le Burkina Faso de l’AGOA par l’absence de progrès vers un retour à la démocratie après deux coups d’État militaires en 2022. Le programme AGOA exige que les pays participants respectent des critères rigoureux en matière d’économie de marché, d’État de droit, de pluralisme politique, de droit à la procédure régulière, de lutte contre la pauvreté, la corruption, et la protection des droits de l’homme. En outre, les pays concernés doivent éradiquer les obstacles au commerce et aux investissements américains. Ainsi, le Burkina Faso n’ayant pas rapidement avancé sur ces plans, s’est vu sanctionné.
Cette exclusion met en péril la capacité du Burkina Faso à exporter ses produits vers les États-Unis sans taxes, ce qui pourrait affecter négativement son économie. L’AGOA jouait un rôle crucial dans l’allégement des charges financières pour les entrepreneurs burkinabés en permettant un accès privilégié au marché américain.
Les raisons latentes qui entourent l’éventuelle exclusion du Burkina Faso
Toutefois, certaines questions se posent quant aux raisons spécifiques de cette exclusion. Certains observateurs soulèvent la possibilité que la décision soit liée à des considérations politiques et géopolitiques. Le Burkina Faso a récemment montré des signes de rapprochement avec la Russie, ce qui pourrait avoir suscité des inquiétudes chez les États-Unis. Certains voient cette exclusion comme un avertissement pour d’autres pays africains qui pourraient envisager des partenariats avec des puissances non occidentales.
En ce qui concerne le Burkina Faso, la situation est complexe. Le pays a été marqué par une série de coups d’État, et le président actuel, Ibrahim Traoré, est arrivé au pouvoir à la suite d’un renversement. La décision américaine serait-elle liée à des changements politiques internes ou à des choix diplomatiques du président Traoré, notamment son voyage au Mali, pour explorer avec son homologue les possibilités de lutter contre le terrorisme? Il importe de noter que le Mali entretient déjà une relation tendue avec les États-Unis.
Notons que, il y a quelque temps, Blinken s’était rendu en Afrique. Il avait ouvertement déclaré que si le Burkina Faso se tournait vers la Russie pour obtenir quelque chose, il serait sanctionné. Toutefois, le Mali s’est rapproché de la Russie pour coopérer et par la suite le Burkina Faso s’est rapproché du Mali. Au regard des circonstances, des interrogations pertinentes se soulèvent: pouvons nous conclure que le Burkina se fera exclure à cause de son rapprochement avec le Mali en conflit avec les Etats-Unis? Serait une simple coïncidence ou alors serait ce un signe que Traoré est entrain d’évoluer contrairement aux attentes des Occidentaux?
Le Burkina Faso à la croisée des chemins : Défis économiques et politiques
Le Burkina Faso est à un tournant critique de son histoire. Cette exclusion de l’AGOA pourrait soit renforcer la détermination du pays à se conformer aux exigences démocratiques, soit l’isoler davantage sur la scène internationale. Pour réussir à émerger économiquement, le Burkina Faso devra faire face à des défis multiples, tels que le terrorisme dans la région du Sahel et les relations complexes avec des acteurs internationaux.
Cependant, il est essentiel de prendre en compte que d’autres pays non démocratiques, tels que l’Arabie Saoudite et le Qatar, entretiennent des relations économiques étroites avec les États-Unis sans subir de sanctions similaires. Cela soulève des interrogations sur la cohérence des critères appliqués par les États-Unis dans leurs partenariats commerciaux.
En fin de compte, cette décision américaine soulève des questions importantes sur la manière dont les puissances mondiales utilisent les partenariats commerciaux pour influencer la politique intérieure et étrangère des pays africains. Il est clair que des enjeux politiques s’y cachent. Le Burkina Faso, comme d’autres nations, devra trouver un équilibre entre ses intérêts nationaux et ses relations internationales pour tracer sa propre voie vers la démocratie et la prospérité économique. Il est essentiel de suivre l’affaire car l’avenir de toute une nation est en jeu.