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La rupture historique entre la CEDEAO et l’AES : un tournant pour l’Afrique de l’Ouest

Le retrait de la CEDEAO par le Mali, le Burkina Faso et le Niger soulève des questions cruciales sur l'avenir de la coopération régionale en Afrique.

L‘Afrique de l’Ouest traverse un tournant majeur avec le retrait de trois de ses pays phares – le Mali, le Burkina Faso et le Niger – de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ce geste, motivé par des frustrations accumulées face à l’inaction de la CEDEAO et à l’implication occidentale, résonne comme un acte de souveraineté audacieux. Cet article explore les causes et les perspectives de ce retrait historique et ses implications sur la stabilité régionale.

Introduction : Le retrait de la CEDEAO, un acte de souveraineté

Le 28 janvier 2024, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont pris une décision sans précédent : quitter la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette rupture, qui a secoué la région, est la conséquence d’années de tensions dues à la gestion de la crise sécuritaire en Afrique de l’Ouest, exacerbée par une action jugée insuffisante de la CEDEAO et des interventions extérieures. Ce retrait marque un tournant historique dans la coopération régionale, soulevant des interrogations sur l’avenir des relations entre ces pays et le reste de l’Afrique de l’Ouest.

La genèse du retrait : l’échec de la CEDEAO face au terrorisme

Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, le Mali et le Niger ont été confrontés à un terrorisme grandissant, frappant sauvagement les populations civiles et les forces de défense. Malgré l’ampleur de la crise, les réponses de la CEDEAO ont été jugées insuffisantes, voire absentes. Selon les autorités maliennes et nigériennes, l’inaction de l’organisation régionale face à l’extension des groupes terroristes a renforcé le sentiment de trahison. De plus, l’absence de soutien concrète pendant les moments critiques a fait naître un profond ressentiment envers les institutions censées protéger ces nations.

L’implication de la France et de la CEDEAO : une politique étrangère controversée

L’intervention de la France et de ses alliés occidentaux a également joué un rôle majeur dans cette rupture. L’exemple le plus frappant est l’ingérence dans le coup d’État au Niger en 2023. La CEDEAO a immédiatement pris des mesures contre les nouveaux dirigeants nigériens, suscitant l’indignation au sein des populations malienne et burkinabè. La collaboration avec l’Union européenne pour renverser les régimes en place a été perçue comme une tentative de rétablir une influence coloniale, ce qui a conduit à une rupture nette avec l’organisation.

Les raisons profondes du retrait : entre souveraineté et stratégie de défense

La décision des trois pays de se retirer de la CEDEAO est avant tout un acte de souveraineté. Selon les dirigeants de ces pays, la CEDEAO, en tant qu’institution, n’a pas été à la hauteur des enjeux sécuritaires et politiques que ces nations ont traversés. Le retrait s’inscrit donc dans une logique de réorganisation géopolitique, visant à renouer des relations bilatérales plus constructives et indépendantes. En créant l’Alliance des États du Sahel, ils cherchent à renforcer leurs liens avec d’autres acteurs régionaux et internationaux qui partagent leurs intérêts sans dépendre d’organismes extérieurs.

Les perspectives après le retrait : une nouvelle dynamique pour l’Afrique de l’Ouest ?

Le retrait des trois pays pourrait avoir des conséquences profondes pour l’avenir de la CEDEAO. D’un côté, il reflète une volonté de rompre avec un modèle de coopération jugé inefficace et mal orienté. De l’autre, il ouvre la voie à des alliances bilatérales renforcées, notamment avec les pays voisins et certains acteurs internationaux prêts à soutenir les projets de développement et de sécurité de la région. Les pays concernés espèrent que leur départ de la CEDEAO leur permettra de mieux gérer leurs ressources et de ne plus être soumis à des pressions extérieures.

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Conclusion : Le retrait de la CEDEAO, un signal fort

Le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO représente une rupture majeure dans la coopération régionale de l’Afrique de l’Ouest. Bien que cette décision puisse sembler radicale, elle témoigne d’un désir profond d’indépendance et de réaffirmation de la souveraineté nationale. À terme, cette rupture pourrait redéfinir les relations politiques et économiques au sein de la région, ouvrant la voie à une nouvelle dynamique basée sur des alliances plus flexibles et pragmatiques. Ce processus devra toutefois être suivi de près pour éviter des conséquences imprévues sur la stabilité de la région.

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