Dans de nombreux pays africains, une tradition vestimentaire ancrée dans l’héritage colonial continue de perdurer : les perruques blanches, symboles de pouvoir et d’autorité pour les avocats et procureurs. Cette pratique suscite un débat sur l’indépendance culturelle et la nécessité de se libérer du joug du passé colonial.
Dans un continent en quête de souveraineté et d’identité, le Kenya se distingue avec une décision courageuse prise par la « Chef Justice ». Elle a annoncé que désormais, les avocats, procureurs et défenseurs des droits n’ont plus l’obligation de porter la perruque blanche pour exercer leur profession. En effet, plusieurs pays africains ont hérité de cette tradition vestimentaire imposée par les Britanniques. Mais en 2023, alors que la pauvreté frappe la majorité de la population, il est difficile de justifier l’achat de perruques qui coûtent entre 500 et 5000 livres sterling. Cette décision historique est une avancée vers une indépendance culturelle, une rupture avec le néocolonialisme et une reconnaissance de l’importance de la représentativité africaine.
L’origine des perruques blanches
L’origine des perruques blanches remonte à l’Europe du 14e et 15e siècle, où elles étaient utilisées pour masquer la perte de cheveux causée principalement par les maladies sexuellement transmissibles, notamment la syphilis, et aussi les poux. Cette pratique s’est répandue en France précisément, sous le règne de Louis XIV, qui aurait commencé à porter des perruques depuis 19 ans pour cacher sa perte de cheveux précoce. Son cousin Charles II, venu d’Angleterre l’a copié et a à son tour perpétré cette pratique en Grande Bretagne. Cependant, cette pratique a perduré bien au-delà de son utilité médicale initiale et s’est propagée dans les colonies anglaises, comme le Nigéria, le Ghana, le Malawi et le Zimbabwe.
La fabrication de ces perruques se faisait à partir des cheveux humains, ce qui les rendait coûteuses. Beaucoup de personnes en difficulté financière vendait même leurs cheveux ou allaient jusqu’à couper les cheveux des morts pour les utiliser dans la confection des perruques, ce qui perpétrait des maladies.
Profitant de cette opportunité, un entrepreneur malin du nom de Amfree Ravens Scott a commencé à fabriquer des perruques blanches en utilisant les poils de la queue de chevaux. Plus tard, il a breveté ses produits en son nom et s’est ainsi fait énormément d’argent.
Luxe vestimentaire ou priorités nationales ?
Les colonies anglaises ont donc hérité de cette tradition vestimentaire imposée par les Britanniques. Mais en 2023, alors que la pauvreté frappe la majorité de la population, il est difficile de justifier l’achat de perruques qui coûtent entre 500 et 5000 livres sterling. Ces perruques étaient très appréciées dans les tribunaux et beaucoup d’Africains les achetaient en masse. Par exemple, le Zimbabwe a dépensé plus de 200 000 dollars pour en acheter, alors même que le pays était en difficulté, avec des problèmes dans les hôpitaux et les services de santé. Ces sommes exorbitantes pour un simple accessoire vestimentaire font débat, d’autant plus que les besoins essentiels des citoyens ne sont pas satisfaits.
L’importance de se détacher de la culture Occidentale
La résistance au changement émane souvent de ceux qui ont connu une époque où les perruques blanches étaient incontournables. Ils s’accrochent à cette tradition comme un symbole de prestige et de pouvoir. Malgré l’évolution des mentalités, certaines générations plus âgées refusent de voir la jeune génération se libérer de cette pratique.
Au-delà des perruques, d’autres questions plus sensibles se soulèvent, comme la dépigmentation de la peau, un phénomène qui traduit un complexe d’infériorité envers la couleur de peau naturelle. De même notre manière de nous vêtir aujourd’hui témoigne de l’attachement des Africains à la culture Occidentale. Ces attitudes émanent le besoin de se libérer mentalement du passé colonial et de s’accepter tels que nous sommes.
Vers une Afrique forte et unie : La quête d’émancipation culturelle et identitaire
La libération culturelle et identitaire passe par l’acceptation de soi et de ses origines. D’autres cultures, comme celles des Arabes, montrent comment il est possible de respecter et de célébrer sa culture tout en évoluant vers un avenir plus inclusif et ouvert.
La décision du Kenya d’abolir l’obligation de porter la perruque blanche est une première étape vers un changement plus profond. Il est temps de reconsidérer notre identité, de renouer avec nos racines et de nous libérer des chaînes du passé.
Cette révolution symbolique est un appel à l’émancipation intellectuelle et culturelle pour tous les Africains. Il est temps de tourner la page du colonialisme, de valoriser nos traditions et d’embrasser notre identité avec fierté. La route vers l’indépendance culturelle est encore longue, mais chaque pas compte dans la construction d’une Afrique forte, unie et affranchie de son passé colonial.
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