La RDC cède-t-elle sa souveraineté numérique aux États-Unis ?
L'accord entre la République démocratique du Congo et Starlink soulève des questions sur l'indépendance technologique du pays.

La République démocratique du Congo (RDC) a récemment accordé une licence à Starlink, le service Internet par satellite d’Elon Musk. Cette décision marque un revirement notable, suscitant des interrogations sur les motivations derrière ce choix et ses implications pour la souveraineté numérique du pays.
Un revirement stratégique inattendu
La RDC, après avoir initialement refusé l’entrée de Starlink sur son territoire en raison de préoccupations sécuritaires, a finalement accordé une licence à l’entreprise américaine. Les autorités congolaises craignaient que la connectivité offerte par Starlink ne soit exploitée par des groupes rebelles, notamment le M23 soutenu par le Rwanda, pour coordonner des attaques contre le gouvernement. Cependant, face à une connectivité Internet limitée à seulement 30 % de la population, le gouvernement a changé de position, estimant que les avantages économiques et sociaux l’emportaient sur les risques potentiels.
Pressions internationales et enjeux géopolitiques
Le cas de la RDC n’est pas isolé. D’autres pays africains, comme le Lesotho, ont également subi des pressions pour accepter Starlink. Au Lesotho, l’exigence constitutionnelle de céder 30 % de l’entreprise à des locaux a été refusée par Starlink, entraînant des sanctions économiques de la part des États-Unis. Finalement, le Lesotho a cédé pour éviter une crise économique. La RDC, confrontée à des défis similaires, a peut-être vu dans l’accord avec Starlink une opportunité de renforcer ses relations avec les États-Unis, notamment avec l’ancien président Donald Trump, dans l’espoir d’obtenir un soutien contre les groupes rebelles.
Une richesse minérale convoitée
La RDC est l’un des pays les plus riches en ressources minérales, avec d’abondants gisements d’or, de diamants, de cobalt et d’uranium. Malgré cette richesse, le pays reste l’un des plus pauvres du monde, en grande partie à cause de l’instabilité politique et des conflits armés. Le gouvernement congolais semble chercher des partenariats internationaux pour exploiter ces ressources de manière plus efficace, mais cela soulève des questions sur la souveraineté et le contrôle national sur ces richesses.
Le rôle de la société civile et des traditions religieuses
Certains observateurs critiquent la passivité de la population congolaise face aux défis du pays, attribuant cela à une forte orientation religieuse qui privilégie la prière à l’action concrète. Cette attitude est comparée à celle des Vietnamiens, qui, malgré des ressources limitées, ont résisté avec succès à des puissances étrangères. La critique suggère que la RDC doit encourager une culture de l’action et de la responsabilité pour surmonter ses défis.
Libération de prisonniers américains : un geste diplomatique ?
Dans un geste perçu comme une tentative de renforcer les relations avec les États-Unis, la RDC a récemment libéré des prisonniers américains impliqués dans une tentative de coup d’État. Parmi eux, un jeune homme dont le père, un ancien Congolais naturalisé américain, avait tenté de renverser le gouvernement. La libération de ces prisonniers, malgré des condamnations à mort, pourrait être vue comme une stratégie pour obtenir un soutien international accru.
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La décision de la RDC d’accorder une licence à Starlink reflète les complexités des choix politiques et économiques dans un contexte de pressions internationales et de défis internes. Alors que le pays cherche à améliorer sa connectivité et à exploiter ses ressources, il doit également veiller à préserver sa souveraineté et à encourager une participation active de sa population dans la construction de son avenir.