Afrique

Air France rachetée par Qatar Airways : la fin d’un symbole français et le réveil géopolitique de l’Afrique

Une vente historique qui révèle les tensions entre l’Europe, l’Afrique et les nouvelles puissances globales.

Air France, fleuron de l’aviation française, serait en passe d’être rachetée par Qatar Airways pour 12 milliards d’euros. Derrière ce rachat se cache un profond bouleversement des relations internationales, entre conflits diplomatiques, repositionnements stratégiques et émancipation de l’Afrique face à ses anciens partenaires. Décryptage d’un tournant historique.


Le mirage Air France : quand le coq se fait faucon

Le rachat d’Air France par Qatar Airways – surnommé “opération Mirage” – marque un séisme économique et symbolique. Jadis fierté nationale, la compagnie tricolore semble céder ses ailes dans la discrétion, sans communication officielle, comme si l’on voulait cacher une vérité embarrassante.

Mais pourquoi vendre ? La réponse est simple : Air France ne rapporte plus. Retards fréquents, services critiqués, image ternie. La compagnie, autrefois incontournable, perd de son aura. Et les marchés africains qu’elle desservait largement ne sont plus aussi accessibles…


Une France arrogante, un partenaire devenu embarrassant

Le discours d’Emmanuel Macron, jugé condescendant à l’égard des dirigeants africains, a laissé des traces. Quand il reproche à l’Afrique son « ingratitude » envers la France, il expose sans filtre un mépris latent. Cette rhétorique, mêlant moralisme et supériorité, a renforcé le rejet d’une France paternaliste et postcoloniale.

Résultat : les pays du Sahel – Mali, Burkina Faso, Niger – ont rompu leurs liens militaires et diplomatiques avec Paris. Air France a arrêté ses vols vers ces territoires, volontairement. Le comble ? Ce sont Air Sénégal, Air Côte d’Ivoire ou d’autres compagnies africaines qui prennent désormais le relais.


Une stratégie de rebranding sous faux pavillon

Air France se retire, Qatar Airways arrive. Mais le but est simple : revenir en Afrique sous un autre nom, avec un nouveau visage. Changer de logo, de direction, de marketing, comme on repeint une boîte de nuit pour faire oublier les scandales. L’objectif ? Reconquérir un marché africain perdu, sans dire qu’on est français.

Ce jeu de dupes en dit long sur la dégradation de l’image de la France en Afrique. Ceux qu’on traitait d’ingrats deviennent essentiels. Et les chiffres commencent à le prouver : Air France perd de l’argent, et le marché africain n’est plus un “bonus”, mais une nécessité.


L’AES : vers une puissance panafricaine de sécurité

Pendant que la France perd pied, l’Alliance des États du Sahel (AES) monte en puissance. Le 28 mars 2025, les forces conjointes du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont arrêté deux terroristes grâce à un partage de renseignement. Un événement fondateur.

On assiste à la naissance d’une coopération sécuritaire panafricaine, qui pourrait aboutir à terme à une agence régionale du renseignement, voire une université militaire panafricaine. L’Afrique cesse d’être spectatrice. Elle agit. Et elle reprend le contrôle de sa sécurité.


Le pardon selon Traoré : stratégie ou sagesse ?

Le président Ibrahim Traoré a récemment gracié 21 soldats impliqués dans une tentative de coup d’État il y a 10 ans. Faut-il y voir une ouverture ou une faiblesse ? Pour certains, c’est une stratégie d’unification nationale. Pour d’autres, une manœuvre risquée.

Mais la condition est claire : pas de réintégration ni d’indemnisation. Les ex-putschistes seront envoyés sur le front contre les terroristes. L’heure est au pragmatisme. Le président cherche la cohésion, sans compromettre la mémoire. Car, comme le dit le narrateur : on peut pardonner, mais on n’oublie jamais.


La guerre des cultures : télé-réalité vs valeurs africaines

Le Burkina Faso a récemment interdit l’émission « Qui veut épouser mon fils ? » jugée contraire aux bonnes mœurs et à la dignité des femmes. La décision, loin d’être anodine, reflète une volonté de redéfinir les priorités nationales.

Le pays est en guerre. L’heure n’est pas à la séduction télévisuelle, mais à l’unité, l’intelligence, la création. L’appel est clair : il faut former des soldats, des ingénieurs, des penseurs, pas des influenceurs. La culture est un champ de bataille, et le Burkina Faso veut en reprendre le contrôle.


Le Niger quitte la coalition du Lac Tchad : sécurité d’abord

Autre signe fort : le retrait du Niger de la force multinationale conjointe autour du Lac Tchad. Raison invoquée : manque d’efficacité, manque de solidarité. Le pays préfère se concentrer sur la défense de ses sites pétroliers, régulièrement ciblés.

Ce retrait illustre une nouvelle doctrine : la sécurité nationale passe avant les alliances inefficaces. C’est une forme de souverainisme militaire assumé, où chaque pays reprend la main sur ses priorités.


France, Europe, États-Unis : fracture occidentale

Pendant ce temps, l’Europe et les États-Unis s’affrontent sur fond de guerre commerciale. Trump impose des droits de douane, Macron promet des représailles. L’unité occidentale se fissure, et l’Afrique observe. Car quand les puissances se déchirent, les opportunités s’ouvrent ailleurs.

La Russie, de son côté, tisse des liens solides avec l’AES. Coopération militaire, diplomatie, stratégie… Les Saheliens ne cherchent pas un nouveau maître, mais un partenaire d’égal à égal. Reste à voir si la Russie tiendra ce rôle sans reproduire les erreurs du passé.


Ukraine : Trump, la guerre et les 100 milliards

L’accord proposé par Donald Trump à l’Ukraine révèle l’impitoyable logique des puissants : 100 % des ressources contre de l’aide militaire. Pétrole, lithium, uranium, infrastructures – tout passerait sous contrôle américain jusqu’au remboursement de 100 milliards de dollars.

Zelensky, acculé, hésite. Le piège se referme. Pendant ce temps, Poutine propose un gouvernement de transition international pour négocier une paix durable. L’Ukraine est devenue un pion entre deux empires.


Cameroun : pièges à migrants et chaos administratif

13 Malgaches et Congolais ont été libérés de trafiquants humains à Yaoundé. Promesses d’emplois fictifs, enlèvement, extorsion… La misère pousse à l’exil, parfois vers pire que la pauvreté. Un rappel que la bonne gouvernance, le recensement, et la sécurité sont des priorités fondamentales.

A Lire: Ibrahim Traoré à Air France : Pas de retour sans excuses officielles et changement du statut sécuritaire du Burkina Faso


Conclusion : vers une reconfiguration des puissances ?

Air France vendue, l’AES en marche, l’Europe en crise, les États-Unis en mode prédation : un monde bascule. Ce n’est pas qu’un simple rachat d’une compagnie aérienne. C’est le symbole d’une ère qui se ferme, et d’un continent qui se relève.

Les pays africains ne veulent plus tendre la main. Ils veulent construire, choisir, résister. Mais cette indépendance retrouvée doit s’accompagner d’une vigilance stratégique. Car si l’on change de partenaire sans changer de posture, le piège se referme sous un autre nom.

Report

Plongez-vous dans un univers captivant où chaque texte est une fenêtre ouverte sur des sujets variés, allant de la géopolitique africaine aux questions de vie et de la société africaines et autres. Zack Mwekassa: Le Guérier Noir, Votre Frère.

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