Zimbabwe

Zimbabwe : Pourquoi le Gouvernement Rembourse les Terres aux Blancs et Ouvre ses Portes à Trump

Un tournant historique : le Zimbabwe paie des réparations et s'aligne sur les États-Unis malgré les sanctions.

Le Zimbabwe s’engage à rembourser plus de 4 milliards de dollars aux anciens fermiers blancs expropriés sous l’ère Mugabe. Une décision controversée qui coïncide avec l’ouverture du marché zimbabwéen aux investisseurs américains, malgré les sanctions économiques imposées par Donald Trump. Faut-il y voir une trahison de l’héritage révolutionnaire ou une stratégie de survie face à la pression internationale ?


Une décision choc : 4 milliards pour les fermiers blancs

Le gouvernement zimbabwéen a annoncé le début du paiement de réparations à hauteur de 4 milliards de dollars destinées aux fermiers blancs expropriés entre 2000 et 2001. À l’époque, le président Robert Mugabe avait repris de force les terres appartenant à la minorité blanche pour les redistribuer à la population noire.

Ces saisies, bien que motivées par des objectifs de justice sociale et de souveraineté nationale, avaient suscité la colère de l’Occident, entraînant des sanctions internationales contre le Zimbabwe. Aujourd’hui, ce sont ces mêmes terres qui valent plusieurs milliards de dollars de dédommagements.


Mugabe, la terre et le combat pour la dignité

Dans les années 2000, Mugabe justifie les confiscations : selon lui, les terres agricoles appartiennent légitimement aux Zimbabwéens noirs, et non à une élite blanche qui continue à exporter les profits vers l’Europe, notamment vers l’Angleterre. Refusant les compensations financières exigées par l’Occident, Mugabe considère que payer pour récupérer ce qui a été volé est absurde et injuste.

Le problème ? Si la réforme a permis à des milliers de Zimbabwéens d’obtenir des terres, la majorité n’était pas préparée à gérer de grandes exploitations. Sans compétences agricoles ni soutien logistique, la productivité s’effondre, aggravée par les sanctions économiques qui isolent le pays du système bancaire mondial.


Les conséquences d’une révolution inachevée

Les sanctions économiques frappent durement la population. L’inflation explose, la monnaie locale s’effondre, les denrées de base deviennent inaccessibles. Faute de moyens, de nombreux Zimbabwéens fuient vers l’Afrique du Sud, parfois aux côtés des mêmes fermiers blancs expropriés quelques années plus tôt.

Pendant ce temps, les anciens propriétaires agricoles trouvent refuge et soutien économique en Afrique du Sud, où la minorité blanche détient toujours la majorité des terres cultivables. Le Zimbabwe, lui, s’enlise dans une crise économique et politique, sans solution apparente.


Nouveau président, nouveau cap : l’ère Mnangagwa

Avec la disparition de Mugabe, Emmerson Mnangagwa prend le pouvoir. Ancien militaire proche de l’ancien président, il opte pour une stratégie diamétralement opposée : réintégrer le pays dans les circuits internationaux et séduire les investisseurs étrangers, quitte à payer les dettes historiques envers les fermiers blancs.

Il ouvre même le marché zimbabwéen aux Américains sans exiger de taxes, alors même que les États-Unis maintiennent une surtaxe de 18 % sur les produits zimbabwéens. Le pays n’est toujours pas éligible à l’AGOA (African Growth Opportunity Act), qui permet à d’autres États africains de vendre aux USA sans droits de douane.


L’ombre de Trump : sanctions et stratégie d’allégeance

Sous la présidence Trump, le Zimbabwe figure parmi les pays lourdement sanctionnés. Mais au lieu de riposter, le gouvernement actuel choisit la soumission économique : zéro taxe pour les entreprises américaines, ouverture totale du marché, et paiement des réparations exigées de longue date.

À travers cette posture, Mnangagwa espère sans doute rétablir une image positive du Zimbabwe et attirer les investissements. Mais cette stratégie interroge : est-ce une preuve de pragmatisme ou une reddition en règle face aux puissances occidentales ?


Révolution trahie ou modernisation nécessaire ?

Pour certains, ce retour en arrière constitue une trahison de l’esprit de la révolution foncière de Mugabe, qui visait à redonner leur dignité aux Zimbabwéens noirs. Pour d’autres, dans un contexte économique aussi dégradé, le réalisme l’emporte sur l’idéalisme : l’heure n’est plus à la lutte mais à la reconstruction.

La population, elle, continue à souffrir : exode vers l’Afrique du Sud, précarité, manque d’accès aux produits de base. 5 milliards de dollars destinés aux anciens colons blancs auraient-ils pu redynamiser l’agriculture locale, former les jeunes, ou relancer l’économie de manière équitable ?

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Conclusion : l’Afrique entre mémoire et avenir

Le cas du Zimbabwe illustre une tension omniprésente dans de nombreux pays africains : faut-il s’accrocher au passé pour défendre sa souveraineté ou s’adapter au monde actuel, même au prix de lourdes concessions ?

En payant les fermiers blancs et en ouvrant grand ses portes aux États-Unis, le Zimbabwe envoie un signal fort… mais ambivalent. Le combat pour la terre, jadis symbole de libération, est désormais une monnaie d’échange dans un système globalisé.

L’Histoire jugera si ce virage est le début d’un renouveau économique ou la fin d’un idéal africain.

Report

Plongez-vous dans un univers captivant où chaque texte est une fenêtre ouverte sur des sujets variés, allant de la géopolitique africaine aux questions de vie et de la société africaines et autres. Zack Mwekassa: Le Guérier Noir, Votre Frère.

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