Uranium africain : Le président ougandais accuse la France de pillage au Niger
Yoweri Museveni dénonce l’exploitation des ressources africaines par l’Occident et pointe du doigt l’exportation massive d’uranium du Niger vers la France, alors que les populations locales vivent sans électricité.

Dans une déclaration fracassante, le président de l’Ouganda, Yoweri Museveni, a critiqué ouvertement l’exploitation des ressources africaines par les puissances occidentales, notamment la France, qu’il accuse d’avoir profité de l’uranium du Niger pendant que la population nigérienne reste dans le noir. Ce discours, aux allures de réquisitoire contre le néocolonialisme économique, remet au cœur du débat la souveraineté énergétique et industrielle du continent africain.
Un président africain brise le silence : l’uranium du Niger au cœur de la polémique
Dans un contexte de crise géopolitique croissante en Afrique de l’Ouest, la voix du président ougandais, Yoweri Museveni, a résonné comme un écho de colère longtemps contenu. Face à l’exportation massive d’uranium nigérien vers la France, utilisée pour alimenter les centrales nucléaires européennes, Museveni pose une question simple mais essentielle : et les Nigériens dans tout cela ?
Il révèle avoir découvert que malgré les exportations d’uranium, la consommation d’électricité par habitant au Niger est dramatiquement basse, estimée à seulement 51 kilowattheures par an. Une statistique choquante, surtout lorsqu’on la compare aux 12 000 kWh par habitant aux États-Unis, ou aux 300 kWh de l’Ouganda, qui reste pourtant lui-même en développement.
La question de la justice énergétique : une Afrique qui éclaire l’Occident mais reste dans l’obscurité
Cette disparité énergétique soulève des questions fondamentales sur la justice économique et l’équité. Museveni ironise : « Avant de vendre l’uranium, avez-vous seulement regardé si vous aviez de l’électricité ? » Ce contraste, entre un sol riche en matières premières et une population privée d’infrastructures de base, illustre un schéma d’exploitation néocolonial où les ressources africaines enrichissent l’Occident tandis que les besoins fondamentaux des populations locales sont ignorés.
Le précédent ougandais : quand Museveni refuse l’exploitation sans contrepartie
Ce constat n’est pas isolé. Museveni évoque également une tentative passée de compagnies occidentales qui voulaient extraire de l’uranium en Ouganda. Sa réponse a été claire : « Exporter pour quoi ? Pourquoi ne pas construire ici des infrastructures pour produire de l’électricité ou des médicaments nucléaires pour notre propre population ? »
Face à l’absence de réponse satisfaisante, les compagnies sont reparties, et l’uranium ougandais reste enfoui dans le sol, « jusqu’à ce que nous soyons prêts à l’utiliser pour nous-mêmes », précise le président. Aujourd’hui, l’Ouganda a signé un accord avec la Russie et la Corée du Sud pour construire deux centrales nucléaires d’une capacité totale de 15 600 mégawatts, un pas décisif vers l’autonomie énergétique.
La dépendance africaine : un obstacle à la croissance économique
Le président Museveni ne se contente pas de critiquer : il dresse un constat implacable sur l’état de l’économie africaine. Avec 1,5 milliard d’habitants, l’Afrique ne pèse que 2 700 milliards de dollars de PIB, soit dix fois moins que les États-Unis. Une situation qu’il explique par une structure économique désintégrée, où la valeur ajoutée est exportée sans bénéficier aux économies locales.
Il dénonce aussi les complicités internes, notamment au sein de certaines élites politiques et bureaucratiques africaines, qui agissent comme des agents d’intérêts étrangers. Ces acteurs bloquent, selon lui, la mise en place d’une économie nationale intégrée, capable de transformer les ressources sur place et de générer une croissance durable.
Le cas du Niger : symbole d’une exploitation silencieuse
Le Niger, pays stratégiquement riche en uranium, est au cœur de cette problématique. Depuis des décennies, la France importe son uranium du Niger, en grande partie pour faire fonctionner ses centrales nucléaires, qui fournissent 70 % de l’électricité française. Pourtant, 80 % des Nigériens vivent sans accès à l’électricité.
Ce paradoxe, souvent dénoncé par des ONG et des observateurs internationaux, trouve aujourd’hui une résonance politique avec la prise de parole du président Museveni. Son message est clair : les ressources africaines doivent d’abord servir les Africains.
Un appel à la souveraineté énergétique et industrielle
À travers ce discours, Museveni pose les bases d’une doctrine énergétique africaine : exploiter les ressources naturelles non plus au profit de puissances extérieures, mais dans une logique de développement national. Il propose de réserver une part des ressources pour ses partenaires étrangers, à condition que les besoins locaux soient d’abord pris en compte.
C’est une vision à contre-courant du modèle économique dominant, qui repose encore largement sur l’extraction brutale et l’exportation sans transformation. Cette nouvelle approche appelle à des partenariats équilibrés, à la construction locale d’usines, et à une véritable indépendance technologique.
Une Afrique en éveil : vers un nouveau rapport de force mondial ?
Le discours du président ougandais s’inscrit dans une dynamique plus large : celle d’une Afrique qui réclame sa place dans l’ordre mondial. De plus en plus de dirigeants africains remettent en cause les accords asymétriques, les bases militaires étrangères, ou les contrats léonins passés avec les anciennes puissances coloniales.
Ce changement de ton est symptomatique d’un réveil politique et économique, porté par une jeunesse connectée, des sociétés civiles plus actives, et des dirigeants plus conscients de l’importance de la souveraineté nationale. Le cas du Niger, comme celui de l’Ouganda, pourraient bien devenir les symboles d’une Afrique nouvelle, qui refuse de brader son avenir énergétique.
Conclusion : de l’indignation à l’action
L’intervention de Yoweri Museveni n’est pas un simple coup de gueule. C’est un appel stratégique à la transformation du rapport entre l’Afrique et le reste du monde. Il exige que les ressources naturelles africaines bénéficient d’abord aux Africains, et propose une voie alternative au modèle extractiviste traditionnel.
À l’heure où les enjeux énergétiques, géopolitiques et environnementaux s’entremêlent, cette prise de position pourrait bien marquer le début d’un nouveau paradigme africain. La balle est désormais dans le camp des décideurs, des citoyens et des partenaires internationaux : seront-ils prêts à construire une coopération équitable ou continueront-ils à perpétuer l’ancien monde ?