Les Houthis abattent un F-18 américain : que s’est-il réellement passé ?
Les frappes américaines au Yémen ont fait des victimes africaines, un avion F-18 a été perdu, et les Houthis revendiquent l’attaque. Mais au-delà de l’impact militaire, cette affaire révèle une réalité plus cruelle : le drame humain des migrants africains piégés dans des guerres qui ne sont pas les leurs.

Un avion militaire américain de 60 millions de dollars a été perdu en mer Rouge, officiellement lors d’une manœuvre. Les Houthis revendiquent l’attaque, et les États-Unis minimisent. Dans le même temps, des migrants africains ont péri lors d’une frappe américaine sur une prison au Yémen. Pourquoi étaient-ils là ? Et qu’est-ce que cela dit sur la condition africaine aujourd’hui ?
Un drame invisible : les Africains piégés dans le conflit
La première question qu’on doit se poser est simple : pourquoi des Africains sont-ils morts dans une prison au Yémen ?
Ils venaient d’Éthiopie, de Somalie, du Kenya ou d’Ouganda. Comme beaucoup d’autres avant eux, ils avaient quitté leur pays dans l’espoir de trouver du travail en Arabie Saoudite, souvent perçue comme une terre de richesse grâce au pétrole. Mais sans visas ni papiers, leur seul chemin passait par le Yémen, traversé à pied puis en bateau. Arrêtés en chemin, beaucoup sont emprisonnés. Et cette fois, une frappe américaine, censée viser des Houthis, a touché leur prison. 83 morts, dont la majorité était africaine. Aucun lien avec le conflit. Juste des victimes collatérales.
Qui sont les Houthis et pourquoi ciblent-ils les Américains ?
Le mouvement des Houthis, aussi connu sous le nom d’Ansar Allah, est né dans le nord du Yémen. Opposé à l’intervention étrangère, il a mené un coup d’État en 2014, chassant un gouvernement soutenu par l’Arabie Saoudite et les États-Unis. Depuis, les Houthis sont en guerre contre une coalition dirigée par Riyad.
Mais ces dernières années, leur combat s’est élargi. Ils se présentent comme défenseurs de la Palestine et attaquent les navires marchands liés à Israël ou aux États-Unis en mer Rouge. Selon eux, l’avion de chasse F-18 américain, basé sur le porte-avion USS Eisenhower, a été abattu suite à une de leurs frappes. Les Américains démentent, évoquant un accident lors d’une manœuvre.
Qui dit vrai : accident ou riposte ciblée ?
L’avion tombé est un F-18 Super Hornet, appareil de chasse polyvalent utilisé par l’US Navy. D’une valeur estimée à 60 millions de dollars, il a coulé lors d’une tentative d’évasion du navire visé. Version américaine : l’avion serait tombé à cause des manœuvres de sécurité. Version des Houthis : ils ont visé et atteint leur cible.
Ce n’est pas la première fois qu’un appareil américain est perdu dans la zone. Plusieurs incidents similaires ont eu lieu ces dernières années : tirs amis, vents imprévus… Ou frappes des Houthis, qui affirment avoir abattu au moins sept drones MQ-9 Reaper, chacun coûtant environ 20 millions de dollars.
Le coût humain et financier de cette guerre invisible
Depuis janvier, 1 milliard de dollars ont été dépensés par Washington pour contrer l’influence des Houthis. Pourtant, sur le terrain, ni victoire militaire ni stabilité.
Et pendant ce temps, des Africains meurent dans l’anonymat. Ceux qui ne sont pas tués par les bombes sont « fini » dans les montagnes : une forme brutale de dissuasion pour éviter d’autres traversées. Les corps abandonnés sont là pour faire peur. Une méthode effrayante, mais qui en dit long sur l’impunité ambiante.
Pourquoi les Africains fuient-ils encore ?
La question revient avec insistance : pourquoi tant d’Africains risquent leur vie pour aller ailleurs ?
Ce n’est pas pour le luxe. Ce n’est pas pour construire des villas ou rouler en Mercedes. C’est pour payer les soins médicaux, envoyer les enfants à l’école, survivre. Pourtant, le pétrole existe en Afrique, comme au Nigeria, en Angola, au Tchad ou en Libye. Pourquoi ce pétrole ne produit-il pas les mêmes résultats que celui des Émirats ou de l’Arabie Saoudite ?
Parce que là où les pays du Golfe ont bâti des empires modernes, les États africains restent englués dans la corruption, les conflits ethniques et l’inefficacité. Le pétrole africain enrichit peu de familles, rarement la nation.
Une critique amère mais lucide sur l’Afrique
L’auteur du discours va plus loin : il cite les propos d’un prêtre partisan de l’apartheid, qui disait que « les Noirs ne peuvent pas se gouverner seuls ». Une affirmation évidemment choquante. Mais il interroge : à voir les conflits au Soudan du Sud, ou les dérives de certains régimes africains, ne sommes-nous pas en train de donner raison à ce genre de discours ?
Trop souvent, quand un Africain accède au pouvoir, il s’empresse d’installer ses proches, de voler les ressources, de piétiner les plus faibles. Trop souvent, l’indépendance se transforme en république bananière.
Un avenir qui ne devrait pas exiger l’exil
L’Afrique devrait être un espace de vie, pas de fuite. Les jeunes ne devraient pas traverser des déserts, des montagnes et des mers pour avoir le droit d’exister ailleurs. L’intelligence, les ressources, la jeunesse, la foi : tout est là. Mais le système trahit ces espoirs.
Ce n’est pas normal qu’un Éthiopien meure dans une prison au Yémen. Ce n’est pas normal qu’un Somali soit laissé sans sépulture après une frappe. Ce n’est pas normal que l’Afrique continue d’être le théâtre silencieux de tant de souffrances dans l’indifférence générale.
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Conclusion : au-delà des avions, une urgence humaine
La chute d’un F-18 américain, c’est un symbole fort. Une puissance militaire touchée. Mais le vrai drame, c’est ailleurs : ce sont ces dizaines d’Africains morts pour avoir voulu vivre. Ce sont les familles qui attendent un retour qui n’arrivera jamais. Ce sont les rêves brisés dans un conflit qui ne les concernait pas.
Ce n’est pas seulement une affaire de Houthis, d’Américains ou de géopolitique. C’est une histoire d’abandon, de mal-développement, de mépris, et surtout de silence. L’Afrique mérite mieux. Mais pour cela, elle doit se regarder en face, et agir.