Le Passeport de l’AES : Pourquoi l’Europe Refuse les Visas aux Détenteurs de ce Nouveau Document

Depuis l’introduction du passeport de l’AES (Alliance des États du Sahel) en remplacement du passeport de la CDAO, les détenteurs de ce nouveau document rencontrent des difficultés pour obtenir un visa auprès des ambassades européennes. Malgré les efforts des autorités maliennes pour régulariser la situation, les pays européens restent réticents. Cet article analyse les enjeux politiques et diplomatiques sous-jacents à cette problématique.

Le Passeport AES : Une Initiative Ambitieuse mais Contestée

Depuis janvier 2023, plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest, dont le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ont adopté un nouveau passeport sous l’égide de l’Alliance des États du Sahel (AES). Ce passeport, présenté comme une avancée vers l’unité africaine, remplace celui de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CDAO). Cependant, cette initiative ambitieuse rencontre une forte résistance du côté européen, qui a décidé de ne pas reconnaître ce nouveau document pour les demandes de visa.

Les pays européens, dont la France, ont manifesté leur mécontentement face à la décision de ces pays de quitter la CDAO et de rejoindre l’AES. Cette transition soulève des tensions diplomatiques, car l’Union Européenne ne reconnaît pas encore officiellement le passeport de l’AES, créant des obstacles majeurs pour les citoyens de ces nations, notamment en matière de mobilité internationale.

Les Détenteurs du Passeport AES : Des Difficultés pour Obtenir des Visas Européens

L’un des premiers effets notables de cette décision est le refus systématique des visas européens pour les détenteurs du nouveau passeport AES. En janvier 2023, plusieurs citoyens maliens et burkinabés, possédant des visas Schengen valides sur l’ancien passeport, se sont vus refuser l’accès aux consulats européens pour renouveler leur visa avec le nouveau document. Cette situation a provoqué une grande confusion et frustration parmi les populations concernées, qui avaient légitimement escompté une reconnaissance internationale de leur passeport.

En réponse, les autorités maliennes ont tenté d’expliquer que tous les passeports AES avaient été enregistrés auprès des ambassades et consulats européens. Cependant, des retards dans le dépôt des spécimens nécessaires à la reconnaissance officielle du passeport semblent être un facteur aggravant.

Pourquoi l’Europe Refuse-T-Elle de Reconnaître le Passeport AES ?

La question de la reconnaissance du passeport AES par les pays européens ne relève pas seulement d’une simple procédure administrative. Elle s’inscrit dans un contexte géopolitique complexe, marqué par des tensions diplomatiques entre l’Afrique de l’Ouest et les puissances occidentales.

Les pays de l’AES, en quittant la CDAO et en s’alignant davantage sur la Russie, marquent un tournant dans leurs relations avec l’ancienne puissance coloniale, la France, et ses alliés européens. Cette décision est perçue comme une revendication de souveraineté et un rejet de l’influence historique de l’Europe en Afrique. Les Européens, dans leur réaction, semblent vouloir envoyer un message fort : toute rupture avec les structures qu’ils soutiennent ne sera pas acceptée sans conséquences.

Une Stratégie de Réflexion : Ne Pas Oublier l’Histoire

Les refus de visa ne sont pas simplement une réaction à un changement administratif ; ils font partie d’un jeu diplomatique plus large. Comme le souligne l’intervenant dans la vidéo, lorsque des mémoires historiques sont en jeu, il est crucial de ne pas oublier. Les pays africains, qui ont longtemps souffert de l’exploitation coloniale, n’ont pas oublié les relations difficiles avec les puissances européennes. Et bien qu’il soit question de pardonner, la mémoire reste vivante. C’est un point fondamental : la reconnaissance des erreurs du passé est un préalable pour avancer vers une véritable réconciliation et une coopération plus équitable.

Cette situation rappelle les défis que rencontrent de nombreux pays en développement lorsqu’ils cherchent à s’affirmer sur la scène internationale. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, en décidant de s’éloigner des structures régionales imposées par l’Europe, cherchent à tracer leur propre voie, même si cela comporte des risques diplomatiques.

Un Avenir Incertain : Que Faire pour Aller de l’Avant ?

Le refus de visas à ceux qui détiennent le passeport AES peut être vu comme une tentative de pression diplomatique de la part des pays européens pour tenter de contraindre ces nations à revenir sur leur décision. Cependant, cette situation révèle également la nécessité pour les pays du Sahel de diversifier leurs alliances internationales et de ne plus se reposer exclusivement sur l’Occident pour leur développement.

Pour le Mali, le Burkina Faso, et le Niger, l’objectif est de s’affirmer en tant que nations souveraines, capables de défendre leurs choix politiques et économiques sans ingérence extérieure. Le soutien de la Russie et l’alliance avec d’autres puissances mondiales pourraient leur offrir des alternatives, mais ces pays devront également renforcer leurs relations diplomatiques avec leurs voisins africains et redéfinir leur place sur la scène mondiale.

Conclusion : Un Temps de Réflexion et de Résilience

L’affaire du passeport AES et du refus des visas européens met en lumière un conflit de souveraineté et de mémoire historique entre l’Afrique de l’Ouest et les puissances coloniales. Cette situation illustre la tension qui existe lorsque des nations cherchent à se réinventer tout en devant faire face aux réalités du système international.

A Lire: Passeport Commun Mali-Niger-Burkina Faso : Une Nouvelle Ère pour l’Afrique de l’Ouest

Les pays de l’AES, tout en revendiquant leur indépendance, doivent maintenant naviguer avec prudence dans cet environnement complexe. La résilience face aux obstacles extérieurs et la volonté de ne pas oublier leur histoire seront des éléments clés dans la détermination de leur avenir.