Le Maroc va-t-il soutenir l’AES contre l’Algérie ? Course à l’armement, alliances et tensions régionales
Rabat s’arme massivement, Alger riposte, l’Afrique retient son souffle.

La montée en puissance militaire du Maroc face à l’Algérie inquiète. Alors que les deux pays s’équipent pour un potentiel conflit, la question d’une alliance entre le Maroc et les membres de l’AES (Mali, Burkina Faso, Niger) se pose. Entre rivalités régionales et intérêts stratégiques, le rapport de force s’intensifie en Afrique du Nord et de l’Ouest.
Une rivalité historique ravivée : Maroc vs Algérie
La tension entre le Maroc et l’Algérie n’est pas nouvelle. Elle trouve sa source dans le conflit du Sahara Occidental, où Rabat et Alger s’opposent frontalement. L’Algérie soutient le Polisario, un mouvement indépendantiste que le Maroc considère comme rebelle. Cette rivalité politique s’est transformée ces dernières années en course aux armements à grande échelle.
Une militarisation accélérée
- L’Algérie prévoit de porter ses dépenses militaires à 22 milliards de dollars en 2025.
- Le Maroc, de son côté, consacre près de 10 % de son PIB à la défense, soit environ 12 milliards d’euros.
- Tandis que l’Algérie s’équipe auprès de la Russie (notamment avec des avions de combat SU-35), le Maroc s’allie à Israël et aux États-Unis, recevant 600 missiles Stinger et des systèmes de défense pour 825 millions de dollars.
Ces investissements massifs montrent que la guerre n’est plus une hypothèse lointaine, mais une option stratégique envisagée.
L’Algérie, puissance régionale ou facteur d’instabilité ?
Un diplomate marocain n’a pas hésité à qualifier l’Algérie de « mère de tous les malheurs » dans la sous-région. Cette déclaration fait écho aux tensions entre Alger et l’AES, notamment le Mali, qui accuse l’Algérie d’ingérence.
Alliances ambigües et accusations de double jeu
- L’Algérie justifie ses achats d’armements comme une nécessité face aux défis sécuritaires au Sahel (Mali, Niger, Libye).
- Mais Rabat y voit une stratégie de domination régionale, dissimulée sous couvert de protection.
- La proximité entre Alger et certains groupes actifs au Sahel alimente la méfiance des régimes militaires du Mali, du Niger et du Burkina Faso.
Le Maroc, allié inattendu de l’AES ?
Alors que le Maroc est considéré comme un allié majeur des États-Unis et coopère avec l’OTAN, une question surgit : le Mali, le Niger et le Burkina Faso devraient-ils s’allier à Rabat contre leur ennemi commun, l’Algérie ?
Une alliance pragmatique, mais risquée
- L’Algérie est perçue comme un obstacle par l’AES, notamment à cause de son opposition aux nouvelles orientations souverainistes.
- Le Maroc, bien que proche de l’Occident, pourrait devenir un partenaire stratégique ponctuel, au nom d’un « ennemi commun ».
- Toutefois, la présence américaine et israélienne derrière Rabat pourrait gêner certains pays de l’AES, farouchement opposés aux ingérences étrangères.
Géopolitique commerciale : le cas Lesotho et Starlink
Le conflit géopolitique ne se limite pas aux armes. Il s’étend aussi aux affaires commerciales et technologiques, comme le montre le cas du Lesotho.
Starlink et la pression américaine
- Le Lesotho, enclavé dans l’Afrique du Sud, a récemment accordé une licence à Starlink, l’entreprise d’Elon Musk.
- Mais sa législation impose que 30 % de la société soit détenue par des locaux.
- Elon Musk refuse, et peu après, Donald Trump impose des droits de douane de 50 % sur les exportations du Lesotho vers les États-Unis.
- Le pays, très dépendant de ses exportations de jeans pour Levi’s ou Calvin Klein, se retrouve acculé.
Cette situation illustre une fois de plus comment les puissances mondiales utilisent le commerce comme arme géopolitique pour imposer leur volonté aux États africains.
Les leçons à tirer pour les pays africains
Le cas du Maroc, de l’Algérie et du Lesotho met en lumière une constante : l’Afrique reste un terrain de jeu pour les puissances étrangères. Que ce soit par les armes ou le commerce, les grandes puissances imposent leurs intérêts sur le continent.
Résister ou s’aligner ?
- L’AES est face à un dilemme : s’allier à un pays stratégiquement utile (le Maroc), même au prix de certains principes, ou continuer à résister seul face à l’Algérie.
- L’histoire du Lesotho rappelle l’urgence de construire une vraie souveraineté économique, pour résister aux chantages politiques.
Conclusion : Entre stratégie, survie et souveraineté
Le monde africain évolue dans une géopolitique tendue et instable. Entre la montée en puissance du Maroc, la menace persistante de l’Algérie, et les pressions des grandes puissances, les pays africains doivent faire des choix cruciaux.
Faut-il pactiser avec des puissances qui défendent leurs intérêts, mais partagent un ennemi commun ? Ou continuer à affirmer une indépendance fragile, au risque de s’isoler ?
L’Afrique est à la croisée des chemins.