Le Mali se retire du G5 Sahel : Une décision politique et sécuritaire cruciale

Au milieu d’une crise politique et sécuritaire, le gouvernement de la République du Mali a pris une décision sans précédent en annonçant son retrait de tous les organes et instances du G5 Sahel, y compris la Force Conjointe. Cette nouvelle a été communiquée par le Colonel Abdoulaye Gaye, porte-parole officiel du gouvernement malien. Cette décision, qui intervient alors que le Mali devait assumer la présidence du G5 Sahel, est un signal fort et soulève des interrogations sur l’efficacité et l’indépendance de cette force régionale.
Le G5 Sahel, créé pour coopérer sur les plans économique et sécuritaire entre le Burkina Faso, le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Tchad, est confronté à la montée en puissance des groupes terroristes et armés dans la région. L’origine de ces groupes est liée à l’instabilité qui a suivi la mort de Kadhafi et aux interventions étrangères dans la région. Depuis sa création, le G5 Sahel a reçu des financements significatifs de la part de divers acteurs internationaux, notamment l’Union européenne, les États-Unis, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Après un manque de coopération, le Mali se retire

Cependant, malgré ces fonds importants, des problèmes se posent concernant la gestion et l’efficacité de cette force. Notons que le système de gouvernance des G5 fonctionne par rotation du pouvoir. C’est-à-dire que chaque pays est sensé prendre les rênes du pouvoir après une certaine période. Le Mali, qui devait donc assumer la présidence tournante du G5 Sahel, a été confronté à un silence radio de la part des autres pays membres lorsque la question de l’alternance est intervenue. Le président Assimi Goïta a tenté en vain de communiquer avec les responsables du G5 Sahel pour rappeler l’obligation d’alternance prévue par les textes. Après un délai d’attente, il n’a toujours reçu aucune réponse favorable. Face à ce manque de coopération, le Mali a annoncé son retrait des organes du G5 Sahel.
Les Etats membres ont justifié cette mesure en raison de la situation politique interne du Mali. Cependant, le gouvernement malien rejette les justifications avancées qui évoquent cette situation interne comme une raison de l’empêcher d’assumer la présidence tournante du G5 Sahel. Le Mali considère que ces arguments manquent de références liées aux textes qui régissent le fonctionnement de toute organisation.
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Le retrait du Mali du G5 Sahel met en lumière les enjeux d’autonomie et d’influence politique

Le retrait du Mali soulève des interrogations sur la véritable autonomie de cette force régionale. En effet, les financements internationaux importants soulèvent des doutes quant à l’indépendance réelle du G5 Sahel. Les liens avec la France et l’Arabie saoudite, ainsi que les tensions politiques entre le Mali et la CEDEAO, viennent compliquer davantage la situation. Il faut noter que, l’Arabie saoudite a gelé son financement pour le G5 de 100 millions de dollars à cause d’une ouverture faite par la France à l’Iran. L’alliance entre la France et l’Iran, met à mal l’Arabie Saoudite qui est en conflit avec l’Iran depuis longtemps, et semble remettre en question la cohérence et la stabilité du G5 Sahel en tant que force autonome. On peut se demander si le G5 Sahel agit réellement dans l’intérêt des pays membres ou s’il est utilisé comme un instrument politique par certaines puissances étrangères.
Le gouvernement malien, en exprimant sa frustration face à ces problèmes, a souligné l’importance du respect et de l’indépendance des institutions telles que le G5 Sahel. Cette décision illustre la détermination du peuple malien à être traité avec respect et équité dans les instances régionales et internationales.
Risques et réflexions sur l’avenir de la force régionale
En quittant le G5 Sahel, le Mali prend un risque politique et sécuritaire. La Force Conjointe était censée protéger les populations des pays membres contre les groupes terroristes et armés, et son retrait soulève des inquiétudes quant à la sécurité dans la région. Cependant, cette décision met également en évidence le besoin d’une réflexion plus profonde sur le fonctionnement et l’efficacité du G5 Sahel en tant que force régionale.
La situation actuelle appelle à une coopération renforcée entre les pays du Sahel pour faire face aux défis sécuritaires et de développement. Il est essentiel que les institutions régionales soient véritablement indépendantes et fonctionnent dans l’intérêt de tous les pays membres. La crise au Mali et sa décision de se retirer du G5 Sahel soulèvent des questions importantes sur l’avenir de cette force régionale et la stabilité de la région dans son ensemble. De plus, une question pertinente demeure: Si le G5 Sahel est alors financé par des pays étrangers, peut-on le considérer comme une organisation libre et indépendante.
Alors que le Mali fait face à des défis politiques et sécuritaires majeurs, la communauté internationale doit soutenir les efforts du pays pour surmonter ces obstacles. La paix et la stabilité au Sahel dépendent de la coopération sincère entre les pays membres et de l’engagement de la communauté internationale à promouvoir une approche équitable et indépendante dans la lutte contre le terrorisme et le développement régional.